La situation actuellement 

Avec 485 foyers d’influenza aviaire H5N8, dont 472 dans le Sud-Ouest début mars, soit plus du double comparé à la mi-janvier, ce virus très pathogène et fortement contagieux est en train de décimer la population de canards français. Face à cette réalité, quels sont les impacts et les perspectives à l’export pour la filière ?  

Au 12 février dernier, ce sont plus de 3 M de canards qui auraient déjà été abattus et ce chiffre n’est pas sans conséquence pour la production nationale 2021. En effet la grande majorité des canards abattus se situent dans des élevages du Sud-Ouest, principale zone de production de foie gras en France. Mr Evain, responsable ministériel, rappelle que la filière fait face à « un épisode exceptionnel avec un virus très contagieux ». C’est la 3ème crise sanitaire que subit la filière foie gras en cinq ans et le nombre de foyer infectés augmente chaque jour tout en s’étendant dans de nouveaux départements tel que le Gers.

Les conséquences et pistes de solution sur le long terme 

Actuellement, il serait encore trop tôt pour évaluer les pertes sur le long terme mais les services vétérinaires préconisent un délai de deux mois entre l’infection et la réintroduction d’animaux dans les élevages, par conséquent l’influenza aviaire H5N8 est en train de vider les élevages de leurs canards et empêche de relancer la production avec de nouveaux canetons.

Un vaccin prochainement ?

A l’occasion de sa rencontre avec le premier ministre Jean Castex, l’interprofession du foie gras (CIFOG) a demandé la création d’un groupe d’experts en vue d’étudier la possibilité de créer un vaccin destiné aux canards pour lutter contre l’influenza aviaire à l’avenir, alors que la Chine, premier cheptel de canard au monde devant la France, a enregistré ces dernières semaine ses premiers cas de grippe aviaire…

Quelles conséquences pour l’exportation ?

Depuis le 17 Novembre, date à laquelle le premier cas a été détecté en Haute-Corse, l’ensemble de l’Hexagone a basculé en risque « élevé ». Perdant par la même occasion son statut indemne, la France se voir privée de certains marchés à l’export.

Néanmoins, « toutes les exportations ne seront pas perdues », indique l’interprofession des volailles de chair (Anvol) le 19 novembre, car «de plus en plus de pays acceptent le zonage et ne ferment pas forcément les frontières aujourd’hui ». Ce principe de zonage (ou « régionalisation ») permet aux régions françaises indemnes de continuer à exporter vers les pays qui le reconnaissent. Il s’agit d’un système appliqué de fait dans les échanges intra-européens. L’heure est aux négociations avec les pays tiers quant à l’acceptation ou non de la régionalisation.

Rappelons que l’export représente 12 % de la production de foie gras français (1 920 tonnes de foie gros exportées en 2019) pour un chiffre d’affaires d’environ 90 M d’euros et que l’exportation de foie gras ne s’est toujours pas remise de la crise d’influenza aviaire de 2016-2017 : avec 16 400 tonnes de foie gras produit en 2019, elle n’avait pas encore retrouvé son niveau d’avant l’influenza (19 200 tonnes en 2015).

La régionalisation comme planche de salut pour l’exportation de foie gras

Ce système permet aux entreprises présentes dans les régions françaises indemnes de continuer à exporter vers les pays qui le reconnaissent. Marie-Pierre PE, directrice du CIFOG indiquait dès le 19 novembre que le Japon, le débouché le plus important parmi les pays tiers avec 200 tonnes de foie gras cru exporté l’année dernière, « avait accepté la régionalisation », néanmoins pour les nouveaux marchés, telle que la Chine, la question reste entière. Qu’en est-il du reste du monde ?

Fort heureusement pour la filière française de foie gras, en plus des membres de l’Union Européenne (qui représentent une majeure partie de l’exportation de foie gras français) de vastes marchés tels que la Russie ou encore les pays d’Asie du Sud-Est (tels que le Vietnam, la Thaïlande, la Birmanie, l’Indonésie ou encore les Philippines) ont d’ores et déjà accepté le système de régionalisation.