Le marché de la viande de volaille fait face à de nouveaux défis ces dernières années. Les normes et les exigences des consommateurs en matière de qualité de la viande, d’environnement et de bien-être animal sont de plus en plus strictes ce qui, combiné à l’augmentation du prix de l’alimentation des volailles, impactent très fortement le coût de revient des éleveurs.  

Ces réalités de coût de production se répercutent, en partie, sur les prix de vente des produits mais la baisse du pouvoir d’achat des consommateurs ainsi que la concurrence sur ce segment limitent cette hausse. Les producteurs doivent donc se tourner vers les innovations dans ce secteur pour continuer de dégager des marges et se positionner sur des circuits porteurs comme l’export. 

 

LES ECHANGES MONDIAUX  

Du côté des fournisseurs, le premier pays exportateur de viande de volaille au monde est le Brésil avec près de 8,5 Mds EUR d’exportations en 2022 ce qui représente 32% des exportations mondiales de viande de volaille. Il est suivi de près par les Etats-Unis, puis la Pologne, l’Allemagne et la Thaïlande. De manière générale, la COVID-19 a nui aux exportations mondiales de viande de volaille mais ces dernières ont bien repris et ont connu une progression de 23% depuis 2020. Enfin, ce marché reste concentré sur quelques gros pays fournisseurs car le top 10 représente 92% des exportations mondiales en valeur en 2022. 

Du côté des clients, le premier pays importateur de viande de volaille en valeur en 2022 est de très loin la Chine et elle tend à le rester. En effet, sur 5 ans, la valeur de ses importations a plus que quadruplé. Elle importe majoritairement des co-produits tels que des pâtes de poulet à 64% et des ailes à 26%. L’Asie Pacifique de manière générale est un marché en pleine expansion pour la viande de volaille (Malaisie, Indonésie, Corée du Sud, Singapour ont des taux d’évolution sur 5 ans de plus de 100%). Les principaux pays importateurs sont ensuite dans l’ordre l’Allemagne, le Royaume Uni, la France et le Mexique. Le marché européen est donc significatif et il continu lui aussi de croître.  En effet, les importations de viande de volaille françaises, allemandes et anglaises ont progressé entre 2021et 2022 de 40% en moyenne. 

FOCUS Poulet 

Les 5 principaux exportateurs de poulet sont aussi les 5 plus gros exportateurs de viande de volaille. C’est en effet le produit le plus échangé au sein de cette catégorie et les exportations mondiales de poulet sont en pleine croissance (+14% entre 2018 et 2021). 

De la même manière, les importations de poulet représentent 86% des importations de viande de volaille en valeur et les clients dominants sont les mêmes que sur le marché de la viande de volaille. Les importations mondiales de poulet ont progressé de 30% depuis 2018 et les pays européens et d’Asie Pacifique sont les plus gros demandeurs. 

FOCUS Foie Gras 

Sur le marché du foie gras, la France est le 2ème exportateur mondial (30% des exportations mondiales en 2021), après la Hongrie, mais ses exportations ont baissé de 30% en 5 ans. Suivant la même tendance, les exportations mondiales de foie gras ont également été presque divisées par deux entre 2018 et 2021. La Chine a également multiplié par 33 ses exportations de foie gras en valeur depuis 2018, mais elle reste un petit exportateur en comparaison à la France.  

Les importations mondiales de foie gras diminuent elles aussi (elles ont baissé de presque 40% en valeur en 4 ans) et les principaux importateurs (la France, la Belgique, l’Espagne et la Suisse) ne cessent de diminuer leurs quantités demandées. La France, par exemple, a divisé par deux ses importations de foie gras entre 2018 et 2021. Néanmoins, certains pays dont les importations de foie gras progressent sortent du lot : la Slovaquie, la Thaïlande, le Canada et Hong Kong. Cela s’explique par le fait que ces marchés deviennent de plus en plus mâtures, et, pour le cas des pays asiatiques, par une augmentation des revenus. 

 

LES ECHANGES DE LA FRANCE 

La France, malgré la pandémie COVID-19, est le 7ème exportateur mondial de viande de volaille. Ses exportations peinent à retrouver leur niveau d’avant crise (850 M EUR en 2018) mais connaissent tout de même une augmentation stable et régulière.  

Les 5 principaux clients de la France pour la viande de volaille en valeur sont l’Allemagne, la Belgique, l’Arabie Saoudite, les Pays-Bas et l’Espagne.  

L'Arabie Saoudite devient le client principal de la France lorsque l'analyse est faite en volume en raison des exportations du groupe saoudien Abdulllah A. Almunajem Sons Co., au travers de sa filiale Almunajem Foods qui détient 100% de l’entreprise française France Poultry. Cette société exporte 90% de ses volumes vers la péninsule arabique. Néanmoins, les exportations vers l’Arabie Saoudite en volume connaissent une baisse significative de 26% depuis 2018 alors qu’elles ont progressé de 9% en valeur sur cette période et de 42% depuis 2021.  

Le reste des exportations françaises sont concentrées en Europe. En effet, 7 des 10 premiers importateurs de viande de volaille française font partie de l’espace économique européen ce qui représente 56% des exportations françaises de viande de volaille en 2022. Le premier importateur de viande de volaille française en valeur est l’Allemagne, partenaire historique de la France. Les relations commerciales avec ce pays sont stables et durables mais le marché est également plus mature et les exportations baissent faiblement depuis 2018 (-11% en 5 ans). La même dynamique est observée au Danemark et au Royaume-Uni ainsi qu’une très faible croissance (<10% sur 5 ans) au Luxembourg, en Belgique, en Suisse et en Espagne. En revanche, l’Italie et les Pays-Bas ont nettement augmenté leurs importations de viande de volaille française (elles ont presque triplées vers l’Italie et ont progressées de 60% vers les Pays-Bas depuis 2020), preuve que le marché européen n’est pas encore arrivé à maturité et qu’il regorge encore d’opportunités pour les entreprises françaises.  

Certains pays d’Europe de l’Est (Slovaquie, Albanie, Roumanie, Hongrie) sont également des partenaires de plus en plus présents depuis les 5 dernières années, en effet, les exportations vers cette zone ont été multipliées par 4 au cours de cette période. 

Le produit le plus exporté par la France est le poulet. Les exportations de poulet en valeur s’élèvent à 500 M EUR en 2022 soit 61% de la valeur des exportations de viande de volaille et elles connaissent une croissance significative de 21% entre 2021 et 2022.  

En ce qui concerne le foie gras, les exportations françaises ont chuté de 30% en 5 ans. Les 10 premiers importateurs sont européens et, mise à part les Pays-Bas qui importent de plus en plus de foie gras français (la valeur de ses importations a presque doublé en 5 ans), les exportations vers les clients majeurs sont en baisses depuis plusieurs années. 

PERSPECTIVES 

Le marché de la viande de volaille présente donc de nombreux défis pour les producteurs mais également des opportunités. Selon les perspectives agricoles de l’OCDE et de la FAO 2022-2031, la production de volaille devrait augmenter de 16% et représenter 47% du total des protéines de viande consommées dans le monde d’ici 2031. L’industrie mondiale du poulet devrait donc croître avec un taux de croissance annuel de 5,45% de 2022 à 2028 et, au cours des 10 prochaines années, la volaille devrait rester la première viande importée au monde en volume. 

Bien que la demande mondiale soit croissante, depuis 2 ans, la France rencontre un problème d’offre dû aux épidémies d’influenza aviaire qui déciment les élevages. La situation s’est stabilisée en France depuis le début de l’année grâce aux mesures de prévention qui ont été prises et le nombre de nouveaux foyers d’influenza aviaire n’est plus que de 16 entre le 13 février et le 13 mars 2023. Néanmoins, l’absence de maîtrise de cette maladie dans le monde va continuer à bouleverser les échanges mondiaux car le Brésil et les Etats-Unis sont également concernés. 

La notoriété de la France pour sa diversité et sa qualité de produits de volaille reste présente pour les pays importateurs, ainsi des demandes continuent d’affluer du Portugal, d’Allemagne ou de Taïwan pour des produits français.