Commerce international :  réglementation et politique européenne

 

Depuis le 01 janvier 2022 la France est à la tête de la présidence du Conseil de l’Union Européenne. Durant la présidence, les priorités relatives à l’agriculture sont principalement axées sur les changements climatiques, et sur les aspects sociaux du secteur dont les objectifs seraient d’établir un salaire minimum européen décent, ainsi qu’impacter favorablement l’agriculture en limitant les distorsions de concurrence intra-européennes.

 

Afin d’écarter toute distorsion de marché au sein de l’Union Européenne, les Ministres de l’Agriculture des pays de l’UE veulent renforcer la réciprocité des normes, c’est-à-dire le respect de standards européens de production ainsi que les importations de produits à partir de substances ou de pratiques interdites au sein de l’UE.

La réciprocité des normes appliquées aux produits importés permettrait donc de garantir et de protéger l’agriculture européenne, ses règles en matière de durabilité sociale et environnementale, ainsi que la santé du consommateur grâce à une transparence alimentaire standardisée.

 

Le 10 février dernier s’est tenu à Bruxelles une conférence dans le cadre de la PFUE (Présidence Française du Conseil de l'UE) organisée conjointement par INTERBEV, la Fondation pour la Nature et l’Homme, et l’Institut Veblen. Lors de l’événement, trois Ministres de l’Agriculture (d’Autriche, d’Espagne et de France) et dix députés européens ont appelé à l’application rapide de mesures de réciprocité des normes de production agricoles dans les échanges commerciaux internationaux.

Au terme de ces échanges, une liste d’objectifs à réaliser à court termes a été dressée :  

  • Adoption de l’acte délégué visant à appliquer aux producteurs des pays tiers l’interdiction européenne d’utiliser les antibiotiques comme promoteurs de croissance en élevage ;
  • Durcissement des règles de diligence raisonnée concernant la viande bovine dans le cadre du règlement relatif à la déforestation importée, pour imposer le traçage des animaux de la naissance à l’abattage ;
  • Identification de normes de bien-être animal prioritaires à imposer aux producteurs des pays tiers qui souhaitent exporter leurs viandes vers l’UE ;
  • Abaissement des Limites Maximales de Résidus au seuil de détection pour tous les pesticides interdits par l’UE avant interdiction plus stricte des substances et pratiques bannies par la règlementation européenne ;
  • Intégration systématique de ces clauses miroir dans la conditionnalité des accords bilatéraux.

 

À la suite de cette conférence, un arrêté est paru en France dans l’attente de mise en place de mesures européennes. Cet arrêté applique le règlement communautaire adopté en 2019 qui vise à interdire l’importation ou l’introduction sur le marché français de viandes et produits issus d’animaux ayant reçu des antibiotiques comme activateurs de croissance, cette mesure nationale prendra effet à partir du 22 avril 2022.

Un premier pas vers l’harmonisation de normes étrangères dans le commerce agricole européen.

 

Focus export viande bovine française

L’année 2020 avait été marquée par une augmentation de la consommation de viande bovine par les ménages français, notamment due aux différents confinements.  

Pour ce qui est de l’année 2021, un recul a été noté, mais en comparaison avec l’avant crise, la consommation de viande bovine par les ménages est en hausse de 3,1% en fin d’année 2021 par rapport à fin 2019.

 

Les exportations de viande bovine depuis la France ont augmenté de 6% et les importations de 12% entre 2020 et 2021. La France a exporté 207 043 tonnes de viande bovine en 2021, dont 85% au sein de l’UE, ce qui représente un total de 1 Md EUR.

Voici la répartition de ces exportations pour les 4 principaux clients de la France (en 2021, 2020 qui a été marquée par la crise sanitaire et 2019 pour représenter le niveau d’avant crise) :

  

 

Source: Global Trade Atlas

 

Pour ce qui est des prix de la viande bovine, ils ont augmenté de 1,7% en France entre 2020 et 2021, et restent soutenus depuis le début 2022, ces augmentations de tarifs peuvent être dues à plusieurs facteurs : l’augmentation du coût des matières premières et de l’énergie mais également en raison de la pénurie de jeunes bovins qui frappe la France ainsi que l’Europe.

 

Conclusion : Prévisions 2022

 

Le retour du marché de la restauration hors domicile laisse entrevoir un possible retour à la normale en ce qui concerne la consommation de viande bovine en France.

Les prévisions 2022, réalisées en début d’année, annoncent cependant un léger ralentissement de la production de bovins : -1.4% par rapport à 2021. Cette baisse est avant tout liée à la poursuite de la décapitalisation du cheptel bovin en France, et les chiffres de janvier et février pourraient laisser penser que la baisse de production pourrait être plus importante que prévue. Cela sera particulièrement le cas si le coût des matières premières et de l’énergie qui devraient reste élevé pendant plusieurs mois notamment du fait de l’instabilité européenne et la guerre en Ukraine. Et ce alors que la Russie est le premier fournisseur européen d’engrais ainsi qu’un acteur majeur du gaz et des carburants.