Vingt-sept jours d’accompagnement pour s’implanter et un résultat de +20% sur les carnets de commandes des entreprises : c’est la promesse que portent les douze programmes Booster qui seront lancés en novembre prochain par Business France. Douze expériences d’accélération dans un marché cible, avec à la clé une implantation physique ou commerciale de long terme.

Olivier Meglioli, directeur du programme, en présente les enjeux, les ambitions et dévoile en exclusivité les nouveautés pour cette année.

 

Le terme « Booster », c’est une appellation nouvelle ?

Disons que c’est une appellation unifiée qui permet aux entrepreneurs français d’identifier rapidement nos programmes à forte valeur ajoutée, avec une implantation à l’international en ligne de mire. Si, aux États-Unis, cela fait déjà dix ans que nous avons des programmes d’accélération, c’est encore nouveau sur certaines destinations comme la zone scandinave, ou certains secteurs comme la cybersécurité qui aura un Booster dédié cette année. L’objectif global assumé, c’est qu’en vingt-sept jours ouvrés d’accompagnement, les entreprises participantes aient la possibilité de conquérir un marché : c’est donc un format dense et haut de gamme qui constitue la version la plus complète de toutes nos offres d’accompagnement à l’international.

 

Vingt-sept jours ouvrés… mais qui s’étalent sur près d’un an !

Effectivement, l’accompagnement se fait dans la durée pour plus d’impact et de temps de réflexion stratégique. Un Booster, c’est en réalité trois phases-clé : la préparation, la projection (qui comprend l’immersion et l’accélération commerciale à proprement dite dans le pays) et la phase de pérennisation (qui correspond à la consolidation au retour du voyage et à l’établissement d’une roadmap en vue de l’implantation). Sur ces trois phases, la plus longue est probablement la préparation, qui couvre trois à six mois : durant celle-ci, les participants bénéficient de nombreux coachings et d’ateliers pour affiner leur vision du marché, adapter leur produit et préciser leur stratégie d’approche. Les retours d’expériences d’autres entrepreneurs sont notamment très appréciés !

 

Et la phase de projection dans le pays ? combien de temps dure-t-elle ?

Il s’agit de dix jours d’accompagnement durant lesquels l’intégration dans l’écosystème local sera clé : prospection personnalisée auprès d’une trentaine de prospects et de partenaires potentiels, visites d’entreprises, invitation à des événements prestigieux en présence d’acteurs incontournables de l’écosystème local (entrepreneurs, investisseurs, etc). Généralement, nous essayons d’adosser ces Boosters à un salon référence du marché pour faciliter le networking et la prospection – ce sera par exemple le cas avec Agritechnica cet automne pour le Booster AgriNest Allemagne (équipement agri agro). Ce qu’il faut souligner, c’est qu’il s’agit d’un accompagnement individualisé mais avec des temps collectifs : l’esprit « délégation », avec ses moments de convivialité, est particulièrement apprécié des participants !

 

Des startups reconnues comme Mirakl, Navya ou Aqemia font partie des « Alumni » de ces Boosters : qu’en disent-elles ?

Il faudrait leur demander directement mais, parmi les témoignages que l’on reçoit de nos Alumni, on entend souvent que c’est un « fast track » pour conquérir un marché, qu’il y a un aspect concret/terrain qui permet de passer résolument à l’action (et à la transformation) en matière d’implantation. Certaines évoquent également le fait qu’elles ont pu éviter de faire des erreurs grâce à la phase de préparation qui les a sorties de leurs préjugés ; et d’autres évoquent la phase de pérennisation qui permet vraiment d’avoir un suivi sur la durée et de bénéficier d’une prestation d’ancrage avec un partenaire référencé de la Team France Export (objectif : sécuriser contractuellement ses nouveaux partenariats). Tout est mis en œuvre pour ne pas laisser retomber commercialement le soufflé du voyage. Nous envisageons d’ailleurs de développer un Club Alumni transverse à tous nos Boosters pour favoriser l’échange et l’information entre les membres sur le long terme !

 

Quel est le profil habituel de ces sociétés participantes ?

Les profils varient beaucoup en matière d’export : on peut avoir des sociétés qui ont un an d’existence, qui viennent de lever des fonds et qui cherchent une implantation rapide… ou, à l’autre bout du scope, des entreprises qui ont déjà dix ans d’existence, ont fait leur preuve sur le marché français et veulent maintenant concrétiser de nouveaux relais de croissance à l’international. Et puis, au milieu, des PME/ETI déjà aguerries à l’export, qui savent que cela prend du temps et veulent donc ouvrir une nouvelle destination à moindre frais. Le point commun entre toutes ces entreprises, c’est qu’elles ont une détermination à investir la zone cible (elles ont des objectifs de chiffres d’affaires prédéfinis sur la région) et qu’elles veulent être accompagnées de A à Z pour aller plus vite. C’est d’ailleurs un programme à forte ambition qui concentre un nombre limité de sociétés : il faut passer un jury de sélection en amont pour bien valider la faisabilité du projet !

 

Pour 2024, douze Boosters sont proposés aux candidats qui le souhaitent : quelles sont les thématiques retenues ?

Un Booster, c’est un accompagnement réalisé sur un couple secteur/pays, ce qui signifie que notre programmation cible à la fois des destinations porteuses et des secteurs prioritaires. Pour cette année, nous avons choisi de faire correspondre les aires d’activités avec celles fléchées par le plan France 2030. Et côté destinations, on retrouve prioritairement les zones Europe et Amérique du Nord.

Au total, cela donne donc douze programmes : deux dans l’Agrotech (Allemagne et Arabie Saoudite), quatre dans le secteur Tech&Services (Allemagne, Etats-Unis, un Booster conjoint Espagne-Italie et un Booster spécifique Cybersécurité aux États-Unis), deux dans la Santé (États-Unis et Allemagne) et quatre dans l’Industrie (Arabie Saoudite, Italie, Pays Nordiques et États-Unis – avec, pour ces deux derniers, un angle Décarbonation et Mobilités).

 

Vous mentionnez France 2030 : ces Boosters sont-ils soutenus par l’État ?

Ces Boosters s’intègrent pleinement dans la stratégie du plan « Osez l’Export » de l’État, officialisé par le ministre délégué chargé du commerce extérieur, Olivier Becht, le 31 août dernier. À ce titre, ils bénéficient de soutiens importants qui correspondent à la fois à des aides issues du plan France 2030 et à des aides « Champions à l’export » focalisées sur le volet développement international. Ce qu’il faut retenir, c’est que ces dispositifs réduisent fortement le reste à charge pour l’entreprise qui n’a à endosser que 40 ou 50% du coût. On estime qu’en moyenne, les Boosters coûtent autour de 10 000 euros nets par entreprise participante.

 

L’enjeu principal, c’est d’augmenter la part d’export des entreprises françaises ?

C’est surtout d’augmenter la réussite à l’export de ces entreprises. On le sait : une démarche à l’international est toujours semée d’embûches et lourde d’investissements, en temps, en ressources, en énergie. Garantir que les efforts vont payer, en un minimum de temps, c’est probablement là la grande valeur ajoutée des Boosters. Je vous partage d’ailleurs un chiffre éloquent : habituellement, pour une démarche export standard, sans accompagnement, on recense un taux d’échec de 25%. Avec les Boosters, ce chiffre tombe à 6%. De quoi donner des perspectives prometteuses à ceux qui hésitent encore à se lancer sur un marché-cible !