Alors que la plupart des secteurs d’activité connaissent une récession un peu partout dans le monde, l’agriculture et l’agroalimentaire en Tunisie maintiennent un niveau d’activité assez développé : l’agriculture représente 13% du PIB national et continue à occuper une place prépondérante dans l’économie nationale alors que l’industrie l’agroalimentaire représente le 2ème secteur du tissu industriel en matière de productivité et de valeur ajoutée.
 
Elle représente ainsi 3% du PIB et compte plus de 1100 entreprises dont au moins 30 sociétés d’importance ayant un partenariat avec un opérateur français notamment LACTALIS en partenariat avec la société Industries alimentaires de Tunisie (IAT) et le partenariat de Danone avec le groupe Délice Holding dans le secteur lait & dérivés. LESAFFRE, géant de la levure et de produits de panification a également consolidé sa présence en s’octroyant la majorité du capital de la société RAYEN FOOD INDUSTRIES leader national de levure de boulangerie. Il est particulièrement important de citer le partenariat qui existe entre le Groupe CASTEL et la société de fabrication des boissons de Tunisie (SFBT).

Dans le secteur des intrants, on note la présence de TIMAB TUNISIE, fruit du partenariat public-privé historique entre le groupe Roullier et le groupe chimique Tunisien spécialisée dans la production de produits phosphatés à vocation agricole.

C’est l’un des maillons forts de l’économie Tunisienne, qui joue un rôle primordial dans la valorisation des produits agricoles.

 

Production agricole : prémices de récoltes records

 

 

La détermination des producteurs agricoles tunisiens à produire mieux et plus se traduit par des récoltes record pour plusieurs cultures durant la campagne 2019/2020.

La récolte de pommes a atteint ainsi 157 milles tonnes contre 110 milles pour la saison écoulée (+ 42%), il en est de même pour le secteur des dattes qui enregistre une récolte de 345 milles tonnes contre 331 milles tonnes enregistrés la saison précédente (+ 4,2%). La Tunisie se démarque aussi par la production d’huile d’olive avec une récolte qui semble prometteuse estimée à 350 milles tonnes (+ 150%).

Ces chiffres encouragent les acteurs des différentes filières agricoles et agroalimentaires à renforcer leurs capacités de conditionnement et de stockage ainsi que le développement des activités de transformations, afin de conférer à ces produits plus de longévité et de valeur ajoutée.

 

Impact du COVID-19 sur les échanges commerciaux des produits agricoles et agroalimentaires 

Avec les chiffres positifs de la production nationale en produits agricoles bruts et transformés, la balance commerciale alimentaire a enregistré une baisse du déficit de 395,3 Millions de dinars avec une hausse de 23,5% des exportations estimés à 339 millions de dinars, les produits les plus prisés sur le marché international étant principalement : l’huile d’olive, les dattes et les produits de la pêche et de l’aquaculture.

Les principaux pays d’exportations pour les secteurs agricole et agro-alimentaire tunisiens sont : le Maroc, l’Indonésie et Malaisie pour les dattes ; l’Italie, la Lybie suivis par le Japon pour les produits de la mer alors que pour l’huile d’olive, l’Italie, l’Espagne et les Etats Unis maintiennent une part élevée des exportations.

 

Qu’en est-il de l’investissement en temps de crise ?

Les investissements agricoles déclarés au cours des huit premiers mois de 2020 s’élèvent à 689,2 Millions de dinars avec une évolution +163% pour les activités de transformation et +131,6 % d’augmentation dans le secteur de l’aquaculture.

D’autre part, les investissements qui bénéficient du fond spécial de développement agricole et de la pêche (FOSDA) s’élèvent à 44 Millions de dinars avec une tendance forte vers le machinisme agricole et les équipements d’irrigation, principales composantes de l’investissement à hauteur de 65 %.

 

Pour répondre à la crise, les secteurs agricole et agroalimentaire s’orientent vers la qualité, en harmonie avec les standards internationaux 

Entrepreneurs, bailleurs locaux et étrangers engagent des moyens pour promouvoir le développement du secteur par la modernisation de l’appareil de production et l’amélioration continue de la qualité.

Dans cette optique, la société LAND’OR a par exemple obtenu un prêt de 10,9 Millions d’Euros auprès de la Banque Européenne pour la reconstruction et de développement (BERD) afin d’augmenter sa capacité de production avec une nouvelle unité de production au Maroc.

 

Par ailleurs l’entreprise Franco-Tunisienne NEXTPROTEIN renforce l’agriculture durable grâce aux insectes comme source de protéines alternative, une voie encouragée par la récente levée de fond (10,2 millions €) qu’elle vient de réaliser pour augmenter sa capacité de production à travers la construction d’une seconde usine et pour accélérer son programme de recherche et développement.

 

Une priorité est accordée aussi bien par l’état que par les professionnels des secteurs agricole et agroalimentaire aux signes de qualité et d’origine pour faire reconnaitre les valeurs particulières de leurs produits et gagner en crédibilité face à des consommateurs très exigeants. C’est ainsi que plusieurs produits du “Terroir Tunisien” se voient attribuer des Labels « Appellation d’origine contrôlée » tels que les vins GRAND CRU MORNAG et THIBAR ou encore le miel de KROUMIRIE sans oublier la fameuse HUILE D’OLIVE TUNISIENNE et les figues de DJEBBA. Les exemples de labels « indication de provenance » ne manquent pas non plus, tels que les pommes de SBIBA ou encore DEGLET NOUR.

 

Plus de 200 entreprises du secteur agroalimentaire en Tunisie disposent de certifications internationales notamment en matière de qualité et de sécurité des denrées alimentaires, ce qui les place au premier rang de l’innovation.  Toutes ces réalisations nécessitent plus de rigueur et d’implication de la part des différents acteurs de la chaine de valeur agricole et agroalimentaire en termes de gestion de la qualité et de la traçabilité.

 

La Tunisie veut développer le Bio

Tous les débats autour d’une économie plus verte et plus respectueuse de l’environnement ont fait surgir et accroitre un grand besoin en alimentation saine. Et c’est dans ce contexte que la Tunisie connait la naissance d’un mouvement national pour une agriculture durable à travers la création en 2019 du syndicat UNOBIO regroupant les différents acteurs de la filière ainsi qu’une plateforme digitale portant le même nom afin de consolider les acquis et les atouts du secteur. Le projet ORGANIC ECOSYSTEM financé par l’Union Européenne, s’inscrit également dans cette démarche et a pour objectif de créer une chaine de valeur transfrontalière et de développer la filière biologique méditerranéenne.

 

La Tunisie devance les pays africains en tant qu’exportateur de produits biologiques bruts et transformés avec une superficie qui avoisine les 400 milles hectares, consacrée chaque année à la production BIO. Ses exportations s’élèvent à plus de 670 millions de dinars pour un volume de 60 000 tonnes, avec comme principaux produits : l’huile d’olive, les dattes et les plantes aromatiques et médicinales et les légumes à destination de 36 pays dont notamment les pays Européens.

 

Vivement la Révolution de l’Agriculture 4.0 !

Les nouvelles technologies représentent un moyen pour entreprendre une réforme globale de ce secteur et s’affranchir des méthodes de production archaïques et énergivores, au profit de nouveaux outils performants. L’enjeu est de taille : Une agriculture durable et intelligente qui produit plus, tout en respectant l’environnement.

 

Dans ce sens, il faut noter que l’écosystème entrepreneurial des Startups en Tunisie bénéficie d’un cadre juridique incitant à l’innovation. C’est ainsi que plusieurs STARTUPS qui opèrent dans le secteur de l’AGROTECH se sont vu distinguées telles que EZZAYRA, RAHBA.tn, SEABEX ou encore HYDROPONIE, une reconnaissance de la qualité de leurs services et de leur capacité à innover.

 

Les entrepreneurs tunisiens sont sensibles aux technologies et aux savoir-faire français, des financements existes, comme la ligne de crédit de 30 millions d’euros qui a été mise en place par la France pour financer l’équipement des PME PMI tunisiennes.

 

La reprise en Tunisie conduira à renforcer la montée en valeur de la production, tirée par les exportations et le niveau qualitatif des produits (production export, grande distribution). Le besoin en technologies, services et partenariats avec l’offre française est prometteur et sera accompagné par la Team France export en 2021.