INDE : UN RATTRAPAGE TOUS AZIMUTS EN MATIÈRE SPORTIVE

L’Inde montre plusieurs signes d’accélération : « Il faut savoir que le sous-continent était jusqu’à présent relativement absent sur la scène sportive internationale et que la pratique sportive n’y était pas du tout développée (seulement un indien sur trois – ce qui est d’autant plus étonnant que la population est structurellement jeune avec 28% sur la tranche 15-29 ans). Les autorités emmenées par la Sports Authority of India ont donc décidé d’avancer très vite pour pallier ces manques », témoigne Brinder Rault. Pas moins de 288 milliards d’euros ont ainsi été alloués au budget sport pour l’année 2021, et même le monde des affaires se met en branle : « Plusieurs grands groupes indiens comme Reliance, Tata ou Jindal Steel ont décidé de consacrer une partie de leur budget RSE au sport » - soit une manne de 37 millions d’euros supplémentaires en provenance des budgets corporate.

Le pays a par ailleurs impulsé plusieurs initiatives : Programme de développement du sport pour tous (Khelo India[1]), programme de formation de champions nationaux (TOPS[2]), investissements dans les grandes infrastructures (Narendra Modi Stadium à Ahmedabad, projet de Mega Sports Complex à Delhi) et candidature à l’organisation de plusieurs événements planétaires (Commonwealth Games & Asian Games en 2026 ou 2030, Jeux Olympiques de 2032, Women Asia Cup en 2022)…

 

Crédit photo : AdobeStock.com - Montagnes de l'Himalaya indien

 

MONTAGNE, COACHING, ÉQUIPEMENTS… DES BESOINS MULTIPLES

« La concurrence n’est pas encore bien établie en Inde, explique Brinder Rault. On recense des acteurs australiens, suisse, anglais - et bien sûr chinois - mais les entreprises françaises ont une vraie place à prendre sur des segments cibles », relève Brinder Rault. Ainsi en est-il des sports d’hiver qui constituent un pôle d’opportunités important pour le sport français, à l’heure où les classes moyennes explosent et s’initient très rapidement à ces nouvelles expériences. « Le pays compte 14 stations de ski relativement récentes et leur développement est une priorité du gouvernement », témoigne Brinder Rault qui cite Poma parmi les acteurs français déjà présents et la rencontre récente entre le ministre indien du Sport et l’Ambassadeur de la France en Inde sur ce sujet.

Mais la montagne n’est pas la seule filière porteuse et de nombreuses entreprises françaises d’équipements commencent à s’imposer sur le territoire : Alcor (gradins), Bodet (horlogerie), Gerflor (revêtements), ou encore de grandes enseignes d’articles de sport comme Decathlon et Go Sport. « Les opportunités sont multiples, qu’il s’agisse de consulting événementiel en vue de l’organisation des grands événements internationaux, de formation de jeunes talents[3] (kinés, éducateurs, nutritionnistes, etc), de solutions technologiques de gestion de stades ou encore d’équipements de loisirs comme l’escalade par exemple… tout est à construire ! », insiste Brinder Rault.

Plus secondaire dans l’écosystème français, le domaine du e-sport connaît en Inde une véritable explosion avec une augmentation de 20% pendant le confinement (le total des sessions indiennes de jeu mobile correspondant à 13% des sessions mondiales). « Sur ce segment, on peut s’attendre à ce que l’expertise française en matière expérientielle soit rapidement valorisée », suggère Brinder Rault.

 

Dans ce territoire d’opportunités encore à défricher, se faire accompagner ne sera pas du luxe pour les exportateurs : « Il est important de développer un partenariat local pour répondre aux appels d’offres publics notamment. Et, pour la distribution, de trouver quelqu’un qui distribue partout en Inde ou bien sur de larges parties du territoire », conseille Brinder Rault. La professionnalisation progressive du sport en Inde permet désormais d’identifier plus rapidement les interlocuteurs au niveau local même si le tissu reste touffu.

 D’où l’intérêt de se faire connaître préalablement via un networking organisé ou des références sérieuses dans la diaspora indienne : le passage par les Emirats pourrait ici être un vrai plus (sans être incontournable).

 

En octobre prochain, le bureau local de Business France organise une mission spéciale[4] à Mumbai et Delhi pour permettre aux entreprises de la filière de rencontrer les donneurs d’ordre locaux. Juste après, si elles le souhaitent, elles auront l’opportunité de poursuivre le déplacement aux Maldives (2 jours) et au Sri Lanka (1 jour). Preuve que la route des Indes n’a pas fini d’offrir de belles perspectives au sport français…

 

 


 

[1] incluant la structuration de fédérations locales et la rénovation des terrains de jeux
[2] Target Olympic Podium Scheme
[3] A noter : le Inspire Institute of Sports lancé en 2018 par JSW Sports, filiale de Jindal Steel, qui forme une cinquantaine d’athlètes pour les compétitions internationales, avec un staff cosmopolite. JSW Sports souhaite ouvrir un centre similaire pour les sports d’hiver.
[4] Les « French Sport & Leisure days in India »