L’industrie connaît une quatrième révolution basée sur les nouvelles technologies et l’innovation. L’objectif est de forger une industrie plus connectée, plus compétitive, plus respectueuse de son environnement et des travailleurs. Et la France dispose de nombreux atouts pour relever ce défi.

L’industrie connaît une véritable révolution. Les nouvelles technologies - comme la fabrication additive et l’intelligence artificielle - bouleversent en profondeur le secteur industriel et l’amène à revoir tout son système de production. Industrie du futur, industrie 4.0 ou encore smart manufacturing : ces différentes appellations recouvrent une même réalité, à savoir une industrie connectée, automatisée utilisant les outils numériques pour améliorer la productivité des usines, la qualité des biens produits et les conditions de travail. Dans cette révolution numérique, qui chamboule en profondeur l’industrie traditionnelle, la France a une carte à jouer. Leader de la révolution industrielle au XIXe siècle, l’avènement de la révolution 4.0 est une occasion pour l’Hexagone de retrouver cette place. Le pays a su prendre la mesure de cette révolution et l’industrie du future génère déjà dans un chiffre d’affaires de 6,8 milliards d’euros[1]. Automatisation, robotique, mesure et analyse des données, maintenance prédictive, cloud, big data, internet des objets, cybersécurité, robotique, fabrication additive : au moins 729 entreprises françaises proposent des technologies pour faire muter l’industrie.

Le CES de l’industrie

Pour comprendre l’importance de la révolution en cours, il suffit de se rendre à la Foire de Hanovre, qui se déroule cette année du 23 au 27 avril. Le plus grand salon industriel du monde est en effet devenu au cours des dernières années une sorte de «CES de l’industrie», en référence au plus grand salon de la high-tech qui se tient chaque année à Las Vegas. Depuis trois ans, la Foire de Hanovre accompagne la mutation de l'industrie mondiale et réserve plusieurs halls aux technologies dédiées à la digitalisation de la chaîne de production mais aussi à l'efficacité environnementale. Le Pavillon français, emmené par Business France, se situe dans le Hall 8 consacré à l’industrie du futur. Une présence essentielle car l’an dernier les sociétés françaises présentes ont obtenu 40 contacts commerciaux en moyenne sur cinq jours. Cela peut aller jusqu’à 100 contacts commerciaux pour les entreprises les mieux préparées. 

Doubler les gains de productivité

Un virage numérique essentiel pour la France car l’industrie est un des moteurs de son économie. Avec ses 274 milliards d’euros de richesses produites, elle contribue en effet à hauteur de 13 % du PIB. L’intégration des nouvelles technologies dans le secteur industriel offre des potentiels de croissance très importants. Selon une étude du cabinet EY, l’industrie du futur devrait permettre aux industries de doubler leurs gains de productivité annuels. A titre d’exemple, les industriels ayant intégré l’intelligence artificielle peuvent voir leurs marges augmenter de 3 % à 15 %, selon McKinsey Global Institute. Les pouvoirs publics ont bien compris l’enjeu de cette révolution numérique : 450 millions d’euros sont consacrés à l’industrie du futur via le Programme d’investissement d’avenir. On recense en France pas moins de 270 start-ups dans le domaine de l’intelligence artificielle et les investisseurs sont convaincus de leur potentiel de croissance, puisqu’elles ont levé 278 millions d’euros en 2016. Une prise de conscience qui se manifeste à tous les niveaux. « Lors de missions récentes, nous avons constaté des demandes de mobilisation de l’intelligence artificielle dans la production, alors que cette brique technologique est l’une des dernières arrivées dans le paysage industriel », peut-on lire dans le baromètre EY de l’industrie du futur 2018. 80 % des entreprises industrielles françaises sont déjà engagées dans une démarche de transformation de leur modèle et une entreprise sur deux a formalisé une feuille de route.

De nombreux atouts

Dans cette course à la numérisation de l’industrie, la France a de nombreux atouts : un tissu industriel dense, une chaîne de valeur très intégrée et des ingénieurs compétents. Et elle enregistre de nombreux succès. Le robot d'assistance à la chirurgie Rosa, l'avion à propulsion électrique E-Fan, l'école d'informatique 42 : ces trois projets innovants ont en commun d’être nés dans l’Hexagone.

Dans le domaine de l’aérospatial les succès technologiques se multiplient. Ce secteur très structurant de l’économie française - 187 000 salariés et un chiffre d’affaires de 60 milliards d’euros - a très tôt compris l’importance de l’innovation technologique. En effet, la construction aéronautique et spatiale consacre 3,6 milliards d’euros à la R&D. Des investissements qui permettent à la France de maintenir une longueur d’avance. Airbus a par exemple déclaré avoir fait décoller son taxi volant électrique et expérimental pour la première fois le 31 janvier 2018. L’avionneur a également annoncé en novembre dernier son partenariat avec Siemens et Rolls-Royce afin de développer l'E-Fan X, un démonstrateur d'avion à propulsion hybride dont le premier vol est prévu en 2020. Objectif ? Développer un avion monocouloir électrique ou hybride proche de l'A320.

Cœur artificiel

L’innovation française séduit aussi à l’étranger et le Japon a accueilli en 2016 son premier robot-taxi, créé par Easymile, l’entreprise spécialisée dans le transport sans conducteur. Dévoilée à l'édition 2014 du Mondial de l'Automobile à Paris, la navette autonome EZ10, développée par la start-up toulousaine, totalise plus d'une centaine de campagnes de tests réalisés à ce jour dans une vingtaine de pays, sur tous les continents. Autre exploit, la start-up francilienne The Bot Studio a créé Talk to my car, un chatbot (robot logiciel) qui permet à l’utilisateur de discuter avec sa voiture et ainsi de vérifier le niveau de carburant, l’emplacement de son véhicule ou encore d’éventuelles anomalies techniques.

Si la robotique fait avancer tous les secteurs, la médecine n’est pas en reste. Ainsi la société française Medtech - rachetée en 2016 par l’Américain Zimmer Biomet - a mis au point Rosa, un robot chirurgical, qui fait partie des cinq robots autorisés à opérer dans le monde. Ce robot, conçu pour assister les neurochirurgiens dans la précision du geste chirurgical a séduit de nombreux centres hospitaliers et est présent un peu partout dans le monde : Etats-Unis, Chine, Canada, Europe….

Autant de success stories qui démontrent la volonté de la France de prendre une part active dans l’industrie du futur.

(c) Constance de Cambiaire - AFP

1. Source « Répertoire National – Panorama 2018 » des Offreurs de solutions Industrie du Futur (AIF/CCI)