La thématique de l’Industrie du Futur – autrement nommée smart manufacturing ou quatrième révolution industrielle – a été évoquée pour la première en Allemagne en 2011, à l’occasion du salon Hanover Messe. L’expression désigne une industrie fortement automatisée, mettant à profit les nouvelles technologies de production pour améliorer les conditions de travail, la qualité des biens et la productivité des usines. Ces principes ont été repris dans le projet fondateur « Fabbrica Intelligente » de 2012 et dans l’initiative européenne éponyme adoptée en 2015. Cette dernière a servi de ligne directrice pour le plan national « Industria 4.0 - 2017-2020 » présenté par le Gouvernement italien en janvier 2017.

Or, il s’agit bien là d’une étape supplémentaire au développement européen de l’Industrie du Futur et à l’accord de coopération trilatéral franco-italo-allemand signé à Paris en janvier 2018. Destiné à renforcer la coordination et à favoriser les synergies stratégiques entre les trois pays, il est fondé sur trois piliers : la mise au point de standards communs d’interopérabilité, la priorité donnée aux PME et le soutien politique au niveau européen.

Si l’on se concentre ainsi sur l’Italie et les opportunités offertes par le Belpaese, nous pouvons partir d’un simple constat : l’Industrie 4.0 en Italie pèse près de 2 milliards d’euros, auxquels il faut ajouter plus de 300 millions d’euros de recettes relatives à des projets plus « traditionnels » en innovation numérique. Ce segment est en croissance constante – entre 25% et 30% - depuis la fin de l’année 2016. Et il pourrait encore révéler un potentiel de croissance supérieur car de nombreuses entreprises ont attendus la reconduction du Plan National et les clarifications sur les allègements fiscaux de l’année en cours, avant d’investir. C’est pourquoi les projections pour les années 2018 et 2019 sont encore plus optimistes : au regard du premier trimestre 2018, les entreprises estiment un taux de croissance de 30% par rapport à 2017. Si ces chiffres étaient confirmés à la fin de l’année, d’ici deux ans l’Italie pourrait avoir doublé ses investissements en faveur de la transformation numérique des usines, récupérant ainsi son retard par rapport aux autres grandes puissances industrielles.

Une perspective qui comporte toutefois un risque d’excès de la demande par rapport aux capacités en termes de volume de l’offre technologique. Bonne nouvelle donc, pour les entreprises étrangères capables de satisfaire la demande à haute valeur ajoutée, avec au premier rang les sociétés françaises, fortes d’une reconnaissance internationale de leur savoir-faire dans le secteur et d’une très bonne réputation en Italie.

L’Italie serait donc une destination privilégiée à l’export ; mais pas seulement. N’oublions pas que le secteur manufacturier italien est second en Europe, après l’Allemagne. Il génère près de 20% du PIB du pays, avec une forte tendance à l’exportation. La balance commerciale italienne a atteint en 2016 un record historique avec 51,6 milliards d’euros d’excédents. Les seuls produits industriels manufacturiers se sont maintenus à un haut niveau de performance, enregistrant sur l’année environ 90,5 milliards d’euros d’exportation. L’Italie s’est ainsi classée parmi les cinq pays les plus excédentaires au monde dans le secteur manufacturier, derrière la Chine, l’Allemagne, la Corée du Sud et le Japon. En l’absence de données officielles et confirmées pour 2017, la tendance semble rester positive et devrait même se poursuivre sur l’année 2018.

Des chiffres qui représentent une vraie opportunité pour les entreprises étrangères, pouvant trouver en Italie la tête de pont pour conquérir d’autres marchés. L’entrepreneur italien, en effet, est traditionnellement curieux et enclin à construire des partenariats stratégiques avec des entreprises complémentaires, italiennes ou étrangères, selon un objectif bien défini : faciliter l’expansion sur les marchés étrangers, même ceux les plus concurrentiels. Les destinations traditionnelles sont l’Espagne, la Pologne, l’Europe de l’Est mais aussi des pays à première vue difficiles d’approche, comme l’Allemagne, qui peuvent s’avérer plus accessibles par l’union des forces et des compétences.

Des dynamiques qui peuvent permettre aux entreprises françaises de multiplier leurs propres destinations à l’export en passant par l’Italie, par une opération commerciale astucieuse et efficace.

En passant par la voie italienne, et en profitant de l’Italian Way, vous pourrez ainsi atteindre un multiplicité d’autres marchés : voilà la principale et incontournable opportunité de l’Industria 4.0 en Italie.

Sara Della Mea - Chef de Pôle Industrie & Cleantech, Business France Italie

Business France organise sur la Foire de Hanovre une journée trilatérale France / Allemagne / Italie, retrouvez le programme ici.