Avec 1 298 nouveaux projets, les investissements étrangers ont atteint en 2017 un niveau jamais égalé en dix ans. L’attractivité de l’économie française se confirme et les Américains retrouvent leur place de premiers investisseurs étrangers dans l'Hexagone.

Le groupe chinois BYD s’apprête à investir 10 millions d'euros dans une usine d'assemblage de bus électriques à Beauvais (Oise), tandis qu’à l’autre bout de la France, la société allemande Sartorius Stedim Biotech, spécialisée dans la production de contenants biopharmaceutiques, injecte 33 millions d’euros sur son site d’Aubagne (Bouches-du-Rhône). Qui a dit que la France n’était pas attractive ? En moyenne, 25 décisions d’investissement sur notre territoire ont été recensées chaque semaine en 2017 ! Au total les investisseurs non-hexagonaux ont investi dans 1 298 projets l’an dernier, une hausse de 16 % sur un an. Jamais depuis dix ans, les investissements étrangers n'ont été aussi importants dans notre pays. Une dynamique qui profite à l’ensemble du territoire et soutient l’emploi. En effet, ces fonds étrangers ont permis de créer 26 400 emplois, une progression de 6 % et d’en conserver environ 7 000.

« Cette progression du nombre de décisions d’investissement ainsi que du nombre d’emplois induits souligne le regain de confiance à l’égard d’une France en mouvement », note Christophe Lecourtier, directeur général de Business France.

Autre fait notable, la France séduit de nouvelles entreprises puisqu’un tiers des décisions d’investissement est le fait de nouveaux acteurs sur le marché français. Une nouvelle dynamique confirmée lors du sommet Choose France, organisé à Paris au mois de janvier, au cours duquel 140 dirigeants de multinationales ont annoncé près de 3,5 milliards d’euros d’investissement et la création de plus de 2 000 emplois à un horizon de cinq ans.

Les chiffres l’attestent, les investisseurs manifestent un regain de confiance pour la France. Il faut bien l’avouer, l’Hexagone séduit bien plus que les discours déclinistes ne voudraient le laisser paraître...

Deuxième pays le plus attractif d’Europe

Un phénomène qui a plusieurs explications. Tout d’abord, la France bénéfice de la reprise généralisée de la croissance au niveau mondial. Selon l’Insee, le produit intérieur brut de notre pays a crû de 2 % l’an dernier. Par ailleurs, le traitement médiatique à l’international de l’élection d’Emmanuel Macron a contribué à véhiculer l’image d’une France jeune, déterminée et capable de résister aux extrêmes. Les investisseurs étrangers ont été sensibles à la dynamique de réformes mise en place dès les premiers jours du quinquennat du nouveau président. L’allègement de la fiscalité des entreprises et la réforme du marché du travail participent à cette image d’une France tournée vers la croissance. Plus de huit dirigeants sur dix considèrent que l’ensemble de ces mesures ont impact positif sur l’attractivité de la France.

« L’image économique de notre pays est clairement à la hausse : selon l’étude de Kantar Public pour BF, les investisseurs étrangers sont 84 % (+ 10% par rapport à 2016) à juger l’économie française ‘attractive’ », souligne Christophe Lecourtier. Au niveau européen, le pays se hisse au deuxième rang des nations les plus attractives, là où il occupait traditionnellement la troisième place, derrière le Royaume-Uni et l’Allemagne.

Les Etats-Unis en première ligne

Les Etats-Unis retrouvent leur place de premier investisseur et pourvoyeur d’emplois sur notre territoire, avec une progression de 26 % du nombre de projets. Ils sont à l’origine de 18 % de l’ensemble des investissements étrangers en France et de 21 % des emplois associés.

Les entreprises américaines ont une prédilection pour l’Hexagone en ce qui concerne la R&D. Elles sont en effet à l’origine de plus d’un quart des investissements étrangers réalisés l'an passé dans des centres de recherche. C’est à Lille (Nord), que le leader mondial des services et solutions informatiques pour entreprises, IBM, a créé un centre de recherche et développement européen sur la cyber-sécurité. Inauguré le 14 décembre, il emploiera entre 80 et 100 personnes.

Les investissements européens restent toutefois prédominants : 58 % des investissements étrangers créateurs d’emplois ont une origine européenne. L’Allemagne est par exemple, le premier investisseur étranger en France dans les activités industrielles. Avec 56 décisions dans ce domaine, elle est à l’origine de 16 % des investissements de production et de 20 % des emplois induits.

L'Asie aussi nous fait aussi les yeux doux. Séduit par l'environnement numérique français, Naver, le « Google coréen », qui compte plus de 30 millions d’utilisateurs, a racheté le centre de recherche de l’américain Xerox, situé à Meylan (Isère), pour y installer son premier centre de R&D européen. Il a également implanté une nouvelle filiale, qui emploiera près de 35 personnes, à Station F à Paris, l’incubateur de startups crée par Xavier Niel et inauguré en 2017. Autre exemple notable, Fujitsu, l’un des principaux acteurs japonais dans les technologies de l’information et de la communication, a décidé d’implanter un centre d’excellence en intelligence artificielle en Ile-de-France.

Un tissu industriel attractif

Malgré une baisse de la part de l’industrie dans le PIB de la France, son tissu industriel reste très attractif et les investissements étrangers dans les activités de production ont bondi de 23 % en 2017. Ils représentent 26 % de l’ensemble des investissements étrangers et ont permis de créer ou maintenir 16 213 emplois sur le territoire. Interrogés sur les critères d’attractivité de l’Hexagone, les dirigeants d’entreprises internationales implantées en France soulignent notamment la qualité des infrastructures de transport et de logistique (87%), la taille du marché intérieur (84%) et le tissu industriel (84%).

L’Allemagne est très active dans cette fonction. A titre d’exemple, le groupe allemand Atlas GmbH, spécialisé dans la fabrication d'engins de construction, a décidé en 2017 de racheter l’usine de la société TIM, un fabricant de cabines pour engins de chantier et tracteurs basé à Quaëdypre (Hauts-de-France). Une opération qui a permis de sauver 446 emplois sur 480. Les Etats-Unis sont aussi attirés par les activités de production et sont à l’origine de 16% des décisions d’investissement et des emplois induits. L'entreprise américaine Eastbalt a ainsi injecté 30 millions d'euros pour créer une unité de production industrielle de petits pains pour Burger King en Île-de-France. Un projet qui représente un investissement de 30 millions d’euros et prévoit le recrutement de 60 salariés.

Un grand pays d’innovation

A l’échelle mondiale, la France fait partie des grands pays innovants et plus de huit décideurs économiques sur dix perçoivent la France comme une économie créative. En 2017, 125 décisions d’investissements dans les activités de R&D ont été prises par des investisseurs étrangers, soit une progression de 9 % sur un an. Les géants mondiaux de la Tech, comme Cisco ou Google ne s’y trompent pas et renforcent leur présence en France. L’Hexagone a ainsi séduit Facebook, qui ouvre à Paris son premier centre de recherche sur l’intelligence artificielle en dehors des Etats-Unis. La plateforme aux 2 milliards d'utilisateurs a également implanté à la Station F à Paris son premier incubateur au monde, Le Garage, destiné à coacher des start-up françaises du numérique. Autre exemple, la licorne Symphony Communication Services - la plateforme sécurisée qui permet le partage de documents et de messages instantanés sur le cloud - valorisée un milliard de dollars, a décidé de lancer son premier centre de R&D européen à Sophia Antipolis (Alpes-Maritimes).  

La confiance renouvelée des investisseurs étrangers devrait encore se renforcer cette année. En effet, les réformes annoncées en 2018 et la modification du dispositif d'accompagnement des investisseurs étrangers en France, devraient permettre d'accentuer la dynamique.

Constance de Cambiaire