1/ un secteur qui a connu un boom pendant la crise…

La consommation de produits bio a connu un fort dynamisme lors de la crise du Covid-19. Comment expliquer cette croissance ? Est-elle durable ?

La croissance de la consommation bio a en effet connu une accélération que l’on retrouve dans la plupart des crises : les consommateurs cherchent avant tout une sécurité dans leur alimentation pour compenser leurs craintes sur le plan économique ou social et cela se traduit souvent par l’achat de produits issus de l’agriculture bio comme repère. La progression se fait sentir dans tous les secteurs du bio, le panier moyen doublant et la croissance de la consommation dans les circuits spécialisés historiques augmentant de 15 à 20%. D’autres secteurs, tels que la grande distribution, les circuits de vente directe ou les ventes sur Internet, ont connu un gros développement. Les chiffres sont impressionnants : au début de la crise de la covid-19, du 24 février au 12 Avril 2020, la croissance du bio avoisine les 32% !

Cette tendance s’est fait sentir dans la plupart des pays développés du globe tel qu’au Royaume-Uni ou en Italie, pays dans lequel la consommation intérieure d’aliments biologiques a atteint un chiffre record de 3,3 milliards d’euros grâce à une croissance de 4,4% sur l’année se terminant en juin 2020, encore une fois sous l’impulsion du virage vert des Italiens favorisé par la pandémie du Covid19. L’Allemagne, quant à elle, conserve sa première place européenne en matière de consommation bio avec un panier moyen de 178€ par habitant par an.

  Pendant la pandémie, les produits biologiques ont été largement plébiscités par les consommateurs dans l’ensemble des circuits de distribution et semblent être promis à un bel avenir, mais la crise économique aura-t-elle raison de cette accélération ?

 

2/ …mais qui connaissait déjà un essor structurel avant la crise du fait des mutations durables des modes de consommation

Valeur refuge pendant la crise sanitaire, le bio parviendra-t-il à conserver son élan avec la crise économique qui se profile ? En ces temps incertains, les professionnels devront s’adapter au marché et répondre aux attentes prix des consommateurs tout en garantissant les valeurs du bio.

Pourtant, les chiffres nous rappellent qu’avant la crise, le marché du bio était déjà en forte croissance : les ventes de produits alimentaires bio se sont élevées à 9,7 milliards d’euros en 2018, soit un bond d’1,4 milliard en un an, tandis que le nombre de consommateurs croît à un rythme exponentiel.

Il est maintenant indéniable que le bio est plus qu’une tendance et est devenu un mode de vie correspondant aux préoccupations actuelles pour la santé et la protection de la planète. Le dynamisme du marché bio en France (+15,4% en 2018) reflète la tendance à l’international. Dans le monde, le marché des produits biologiques a quasiment quadruplé en 10 ans pour atteindre en 2018 les 100 milliards d’euros. On assiste à un véritable raz-de-marée : près de 9 Français sur 10 déclarent avoir consommé des produits biologiques.

Sur le plan international, Le marché bio mondial a atteint 103,5 milliards d'euros en 2018 et a dépassé 112 milliards d'euros en 2019, augmentant de 8% et de 13,4% en Europe. La surface mondiale cultivée suivant le mode biologique est estimée à près de 71,5 millions d'hectares fin 2018 : soit une augmentation de 1,6% dans le monde et de 5,8% en Europe en 2019. Elle représentait 1,5 % de l'ensemble du territoire agricole des pays enquêtés.

Le nombre de producteurs bio dans le monde est de 3,1 millions : L’inde se place à la première position avec 1 366 226 producteurs bio. En Europe les producteurs et transformateurs bio sont aussi en plein essor par rapport à 2018, soit + 2,8 % et + 5,9 %.

Ce sont autant de chiffres d’avant crise qui nous rappellent la croissance tendancielle du bio dans le monde.

 

3/ Un secteur innovant : les circuits courts et la vente en ligne bio comme grands gagnants de la crise

Dans la distribution, le bio est aujourd’hui présent partout. En GMS, le chiffre d’affaires a bondi de 50 % en 2018. Les distributeurs spécialisés ont également connu une forte croissance de 34 % et la vente en ligne se développe. Face à la hausse de la demande, la question des approvisionnements représente un véritable défi et la question du sourcing devient stratégique.

Face à cela, Les circuits courts ont connu un formidable succès, en maraîchage par exemple avec un panier moyen en hausse de 25%-30%. Ces circuits rassurent dans la relation humaine, par rapport à la grande surface où on ne sait pas si les produits ont été tripotés et donc contaminés. Ils se sont aussi organisés pour mettre en place des solutions de vente à distance et de drive, qui sont privilégiés par les consommateurs.

4/ Conclusion : le bio à l’export pour se relancer ! Focus sur le cas Danemark : une opportunité pour développer son entreprise bio à l'export.

Alors que les exportations ont progressé de 5% en valeur pour atteindre 826 millions d’euros dans le secteur bio en 2019, la reprise devrait être l’occasion de profiter de cette situation exceptionnelle du secteur, notamment en Europe, pour relancer l’exportation à destination des marchés européens, dont l’évolution est affichée en-dessous :

Évolution indicée sur 2010 de la consommation de produits bio dans l’UE, et ses 5 principaux marchés bio

 

Pour conclure, prenons le cas du Danemark :

La part de marché du bio au Danemark est deux fois plus importante qu’en France et elle poursuit son développement avec une croissance de plus de 10% début 2019. Il est important de souligner que le secteur de la Restauration Hors Domicile (RHD) connaît une progression impressionnante dans le pays : + 15% des ventes de produits bio en 2018, + 21% de bio en restauration collective en 2018 ; + 10% de bio sur l’ensemble de la RHD danoise. Enfin, les importations de produits bio au Danemark ont connu une croissance de 151% depuis 2012 et 87% des produits importés viennent d’Europe.