2019 : une année record pour l’industrie éolienne

L’année 2019 a été une année de croissance pour l’éolien au niveau mondial, avec l’installation de nouvelles éoliennes totalisant 60,4 GW de capacité, soit 19% de plus qu’en 2018. Il s’agit du deuxième meilleur résultat de l’histoire après l’année 2015, qui porte la capacité mondiale cumulée de l’éolien à 651 GW en 2019.

Sur ces 60,4 GW de capacité additionnelle, on compte 54,2 GW pour l’éolien onshore. L’onshore représente 95,5% de la capacité éolienne totale au niveau mondial. La Chine et les États-Unis restent les plus grands marchés au monde pour l’éolien terrestre, additionnant plus de 60% des nouvelles installations. L'Asie-Pacifique se classe au premier rang des marchés onshore régionaux avec 27 GW installés en 2019. Bien que le nombre de nouvelles fermes onshore en Allemagne a diminué de 55%, l'Europe a connu une croissance annuelle de 30% de ses installations, grâce notamment à l’Espagne, à la Suède et à la Grèce. Les marchés en développement en Afrique, au Moyen-Orient, en Amérique latine et en Asie du Sud-Est ont quant à eux affiché une stabilité avec des installations combinées de 4,5 GW en 2019.

Du côté de l'éolien offshore mondial, on a enregistré de nouvelles installations pour 6,2 GW en 2019. Pour la première fois, l’offshore a ainsi représenté 10% des capacités nouvellement installées sur cette année. Un cap important, rendu possible par la Chine et l’Europe, qui représentent respectivement 39% et 60% des nouvelles installations. La capacité cumulée de l’offshore a désormais dépassé 29,1 GW au niveau mondial, soit 4,5% de la capacité éolienne totale, et 26% de plus qu’en 2018.

Les cinq principaux marchés mondiaux en 2019 pour les nouvelles installations étaient la Chine, les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Inde et l'Espagne, avec à eux seuls 70% des nouvelles installations mondiales en 2019. Mais le classement des cinq pays ayant le plus de capacité éolienne cumulée reste toutefois inchangé : la Chine, les États-Unis, l’Allemagne, l’Inde et l’Espagne, qui représentent ensemble 72% du parc éolien mondial.  

 

L’éolien au service du Green Deal européen

L’Europe n’est donc pas en reste face à la Chine ou aux Etats-Unis, avec 15,4 GW de capacité éolienne supplémentaire installée en 2019, soit 27% de plus qu’en 2018. L'éolien terrestre a compté pour 76% de ces nouvelles fermes, mais l’offshore a atteint un record de 3,6 GW nouvellement installés, soit 31% de plus qu'en 2018. Quatre pays sont responsables de 55% des nouvelles installations en Europe : le Royaume-Uni (16%), l’Espagne (15%), l’Allemagne (14%) et la Suède (10%).

L'Europe dispose désormais d’un parc éolien de 205 GW, dont 183 GW onshore et 22 GW offshore. Si l'éolien terrestre reste la principale technologie, l’offshore connait une croissance particulièrement forte, puisqu’il totalise 24% des nouvelles installations de 2019.

En termes de consommation, l’énergie éolienne représente déjà 15% de l'électricité consommée par l'UE-28 en 2019. Le Danemark a la part la plus élevée d'énergie éolienne dans sa demande d'électricité (48%), suivi par l'Irlande (33%) et le Portugal (27%). Cette tendance positive que connait l’éolien en Europe permet une vraie montée en puissance de cette énergie renouvelable, qui s’inscrit pleinement dans les objectifs fixés par le Green Deal européen. Ainsi en 2019, l’éolien et le solaire, avec une production respective de 417 TWh et 137 TWh, ont dépassé le charbon, qui a produit 469 TWh d’électricité.

Faire de l’Europe le premier continent pour l’énergie renouvelable, avec un niveau d’émissions nettes de gaz à effet de serre à 0 en 2050, est un défi que l’éolien s’avère à la hauteur de relever, avec une supply chain présente sur tout le continent, permettant une maitrise des technologies et une plus grande indépendance énergétique. L’industrie éolienne européenne représente 300 000 travailleurs, 36 milliards d’euros pour le PIB et 8 milliards d’euros d’exportations.

Si bien des enjeux doivent encore être examinés, comme l’électrification des mix énergétiques européens, le repowering des parcs éoliens existants, l’investissement dans le grid pour les technologies offshore et l’intégration du système électrique à un niveau européen, l’éolien pourrait répondre à 50% de la demande d’énergie du continuent en 2050. Et les investissements ont suivi la tendance : 19 milliards d’euros de nouveaux investissements dans les parcs éoliens ont été confirmés en 2019 et 33 milliards d’euros supplémentaires ont été investis dans le refinancement de parcs éoliens ou des acquisitions de projets de parcs.

Dans la plupart des pays d’Europe, l’éolien est désormais l'une des sources d'électricité les plus compétitives disponibles. Grâce à l'innovation technologique et aux économies d'échelle, le coût de l’éolien a diminué de 50% sur les 5 dernières années. Les améliorations technologiques, qui se produisent en même temps que la baisse des coûts d'installation, signifient que le coût de l'énergie éolienne terrestre se situe désormais dans la même fourchette de coûts, voire inférieure, que pour les combustibles fossiles.

L’éolien offshore n’est pas en reste de cette baisse de coûts : au Royaume-Uni, le ministère britannique chargé de l’énergie a publié en septembre 2019 le résultat des enchères réalisées dans le cadre du soutien aux énergies renouvelables. L’éolien offshore a remporté la majeure partie du gâteau (5,5 GW sur les 6 GW alloués) à des prix jamais atteints : le plus bas étant de 44,89 €/MWh, coût de raccordement au réseau compris, soit une baisse de 30% par rapport à 2017. Le Royaume-Unis a d’ailleurs pris la tête des résultats européens de 2019 pour l’éolien offshore, avec 1,7 GW de nouvelles installations. Par ailleurs, des projets européens comme COREWIND travaillent déjà à la réduction des coûts de l’éolien offshore flottant.

Des résultats qui démontrent que l'énergie éolienne continue de renforcer son avantage concurrentiel et est prête à prendre la tête de la transition énergétique européenne.

 

Quel impact du COVID-19 sur l’industrie éolienne ?

Le GWEC Market Intelligence prévoyait en début d’année l’installation au niveau mondial de 76 GW de parcs éoliens en 2020, soit une nouvelle année record, et 355 GW sur les 5 prochaines années. Le marché onshore de l'UE-28 devait lui rester stable avec des installations annuelles attendues à un niveau entre 11 et 12 GW sur les cinq prochaines années.  

Les perspectives concernant l’éolien sont malheureusement éclipsées aujourd’hui par les effets de l’épidémie de COVID-19 et les bouleversements qu’elle engendre sur l’économie mondiale. La crise n’est en effet pas sans effet sur le marché de l’énergie. Cela est surtout visible à ce jour sur le marché du brut à Wall Street, où le West Texas Intermediate est passé en négatif le 20 avril, à cause de la forte baisse de la demande, des désaccords de l’OPEP+ et des difficultés de stockage des surplus. Une période prolongée de volatilité des prix est à double tranchant : elle pourrait accélérer le débat sur l’opportunité de se tourner vers des sources d’énergie plus propres, mais aussi inciter les personnes à consommer des hydrocarbures à moindre coût.

Concernant l’éolien, bien que la Chine ait réussi à entamer un redémarrage, des dommages ont été causés au flux de la chaîne d'approvisionnement et à l'exécution de projets en 2020. Un délai de 1 à 2 mois est prévu, surtout pour l’éolien onshore. La majorité des usines éoliennes et de composants en Europe continuent de fonctionner, mais 6 sites de production sont actuellement fermés, principalement en Italie. En Espagne, les usines précédemment fermées rouvrent maintenant après que le pays a assoupli certaines des restrictions en vigueur.

Les installations éoliennes pour 2020 seront en baisse par rapport aux prévisions de l'industrie. L'impact du COVID-19 sur l'activité de construction et les installations dépendra de la durée des fermetures nationales notamment dans les pays les plus impactés, l’Espagne et l’Italie. L'offre de composants et de matériaux en provenance de Chine est en train de reprendre après l'interruption de février. Mais les perturbations continues dans les chaînes d'approvisionnement mondiales et européennes en raison de la restriction à la circulation des biens et des personnes ralentissent l'activité.

Il ne sera surement pas possible de rattraper le retard perdu dans les installations éoliennes en 2021. Les perspectives du secteur dépendront également de l'efficacité des plans de relance nationaux et européens. Les Pays-Bas, la Lituanie et la Grèce ont confirmé qu'ils respecteraient leur calendrier d'enchères 2020. Certains ont étendu les procédures de mise aux enchères : Allemagne, France, Espagne, Irlande et Royaume-Uni. Et un certain nombre de pays ont annoncé qu'ils seront flexibles sur les délais de mise en service de nouveaux projets éoliens en 2020 : Autriche, France, Allemagne, Espagne, Pologne, Grèce et Irlande.  

Il est ainsi aujourd’hui difficile de quantifier les effets de la crise sur le marché de l’éolien. Certes, la pandémie devrait réduire les liquidités sur les marchés. Mais le message aux investisseurs de la part du secteur est clair : « les énergies renouvelables et le Green Deal européen sont le moteur de la reprise en Europe. Ils créent de la croissance. Ils obtiennent des emplois. Ils sont la clé de notre leadership technologique vers une économie climatiquement neutre ». C’est notamment ce qu’a déclaré le PDG de WindEurope, Giles Dickson. L’Agence internationale des énergies renouvelables a publié un rapport sur l’investissement dans les énergies renouvelables pour la relance de l’économie après la crise sanitaire. Selon lui, la décarbonation du système énergétique pourrait soutenir la reprise économique à court-terme pour 130 000 milliards de dollars d’investissements, dont les gains sur le PIB mondial seraient estimés à plus de 98.000 milliards de dollars d’ici 2050. La Commission européenne a quant à elle déclaré qu'elle ne réduirait pas le plan de travail et les délais du Green Deal.

 

 

L’éolien se positionne donc comme une source d’énergie majeure pour la transition écologique européenne et mondiale. Si son trend positif se poursuit, il deviendra la première énergie en Europe dès 2027. Ainsi, et ce malgré la crise actuelle, l’éolien devrait avoir de beaux jours devant lui.

Si les événements à l’international dans le secteur de l’éolien vous intéressent, sachez que le salon WindEnergy d’Hambourg, initialement prévu du 22 au 25 septembre 2020, a été reporté du 01 au 04 décembre 2020. Pour en savoir plus sur les actions proposées par Business France à l’occasion de ce salon, rendez-vous sur le site internet du Pavillon France de WindEnergy 2020.

Pour plus d’information sur les effets en temps réel du COVID19 sur l’industrie éolienne à travers le monde, rendez-vous sur les sites :

 

 

Sources

Global Wind Report 2019 – GWEC

Wind Energy in Europe in 2019 – WindEurope

Financing and Investment trends – WindEurope

WindEurope Sofa Talks

Environnement-Magazine

FEE Association

Courrier International