Les productions agricoles françaises, européennes et mondiales sont actuellement fortement impactées par plusieurs facteurs externes tels que les aléas climatiques, les conflits mondiaux, la hausse des coûts des matières premières… A cette liste s’ajoute les épizooties qui se propagent sur les ruminants mais aussi chez les monogastriques sur l’ensemble des continents : la fièvre porcine africaine et l’influenza aviaire.  

Au regard de ces contraintes en perpétuelles évolutions, les entreprises françaises doivent s’adapter, d’autant plus lorsqu’elles ont des activités à l’export.  

Nous avons eu la chance de pouvoir échanger sur ces problématiques avec Mr RIO, directeur de LDC Foods, branche grand export du leader français de la volaille LDC.  

 

Business France : Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ainsi que le groupe LDC et la structure LDC Foods. 

Mickael RIO : Le Groupe LDC est né du rapprochement des Lambert, Dodard et Chancereul et est aujourd’hui le n°1 français de la volaille, un des leaders européens et le n° 2 du traiteur. En quelques chiffres clés, LDC c’est plus de 5 Mds EUR de chiffres d’affaires, plus de 23 500 collaborateurs, 94 sites, 14 plateformes et 10 organismes de production (données 2021-2022).  

Le Groupe valorise aujourd’hui le savoir-faire des filières d’élevages locales et commercialise ainsi une large diversité de produits de volaille de qualité qui s’étend du coquelet au poulet en passant par le poulet jaune, la pintade, la caille, le canard, le pigeon, le chapon, la dinde... Au sein des activités traiteur, une importance forte est donnée à l’origine locale avec des marques de produits basés sur des viandes 100% françaises ! 

Du côté de LDC Foods, nous avons pour mission de vendre les gammes du groupe, volailles et traiteur, sur le grand export : Asie, Afrique, Europe de l’Est, Océan Indien et Moyen-Orient. Pour réaliser ce travail et mettre en avant le savoir-faire français dans le monde entier, nous travaillons avec de nombreux Chefs cuisiniers qui souhaitent proposer des volailles de qualité dans leurs menus. C’est notamment le cas à Dubaï, à Singapour et à Hong Kong.  

 

BF : Quelle est la situation actuelle de la filière volaille en France ? En Europe ? Dans le monde ?  

MR : La filière volaille est particulièrement bouleversée par l’épizootie de la grippe aviaire. En 2022, plus de 50 M de volailles ont été contaminées en Europe dont 20 M en France ! Sur 2023, nous avons encore connu de nombreux foyers qui se sont déclarés sur le 1er trimestre. Nous espérons une accalmie sur l’été avec la pause des flux migratoires.  

Ce virus et les risques de contamination et de mortalité des volailles qui y sont liés touchent le monde entier : le Brésil (1er exportateur mondial de poulet) qui semblait jusqu’ici épargné, est désormais aussi touché.  

 

BF : Quelles sont les perspectives de reprises que vous envisagez sur les différentes espèces de production du groupe ?  

MR : Actuellement, de premiers tests encourageants sur les canards ont été réalisés en France ce qui nous permet d’espérer un vaccin d’ici la fin de l’année. Viendront ensuite les conditions de mise en marché et d’utilisation qui seront à définir, bien sûr.  

Avec une présence de la grippe aviaire depuis plusieurs années sur le territoire français, le Groupe LDC renforce ses investissements dans les différentes régions de France pour résister à son impact. Grâce à notre implantation géographique multiple, à son organisation et aux mesures sanitaires de surveillance mises en place, nous avons pu aider les régions touchées via nos sites sur les régions indemnes.  

Un « retour à la normal » est espéré mi 2024 avec des reprises d’activité plus rapides selon les espèces et selon les environnements sanitaires.  

 

BF : Quelles sont les difficultés rencontrées depuis l’apparition de l’IA ?  

MR : En ce qui concerne le Grand Export, le principal impact du fait des cas de grippe aviaire récurrents, ce sont les fermetures de frontières systématiques sur de nombreux pays clients d’Asie et du Moyen-Orient. Ce sont ces fermetures qui impactent lourdement nos capacités d’exportation et nos activités.  

 

BF : Quelle stratégie a été adoptée par LDC Foods pour maintenir l’activité ? 

MR : Comme évoqué plus tôt, la force de notre Groupe est d’avoir des sites répartis sur toute la France et dans différents pays d’Europe. Cette organisation nous a permis d’élargir le sourcing pour maintenir notre offre. De même, nous avons travaillé sur les gammes Traiteur, moins exposées aux embargos liés à la grippe aviaire.  

 

BF : Comment se positionnent vos concurrents intra européen mais aussi des pays-tiers au regard de cette situation ?  

MR : Du fait de la réduction des productions et donc de l’offre dans tous les pays d’Europe, les opérateurs se sont concentrés sur le maintien de leurs offres en produits frais sur leurs marchés nationaux. L’offre Grand Export, de fait, a été fortement réduite chez tous les opérateurs. Un retour à des conditions plus favorables est attendu dans les mois à venir.  

 

BF : Malgré la reprise de foyer d’IA en France, quelles sont les opportunités que vous souhaitez saisir et les développements que vous envisagez sur vos produits ?  

MR : De toutes crises nous devons apprendre et adapter nos métiers. L'intensification de la collaboration avec nos usines (France et hors France) est une priorité.