Quelle réaction des gouvernements en Asie du Sud Est face aux problèmes de pollution de l’environnement et de gestion des ressources (eau, air, déchets) ? Zoom sur 5 pays de la zone particulièrement concernés par les enjeux environnementaux : Myanmar, Vietnam, Indonésie, Malaisie et Thaïlande.

L’ASEAN, UNE ZONE EN PLEINE EFFERVESCENCE

 

3ème région la plus dynamique au monde, avec une croissance économique moyenne de 5 % sur les 30 dernières années, la zone Asie du Sud-Est est constituée d’économies très hétérogènes. Composée de 10 pays pour un total de 650 millions d’habitants, soit 9% de la population mondiale, elle recense une population plutôt jeune et une démographie en pleine expansion qui alimente des besoins dans tous les secteurs, mais plus spécifiquement celui de l’environnement.

Plusieurs pays de la zone font partie des territoires les plus exposés aux risques climatiques dans le monde et sont fortement impactés par des événements tels que la montée des eaux, des sécheresses ou encore des inondations. Les pays de la zone sont également confrontés à une importante pollution de l’air et une forte hausse des importations de déchets plastiques, passant de 836K tonnes à 2265K en seulement deux ans. Ainsi les gouvernements ont décidé d’agir pour réduire au mieux les effets dévastateurs des contaminations de l’eau, de la pollution de l’air, de la pollution marine, et de la pollution des sols. En juin 2019, lors du 34ème sommet de l’Asean, les pays membres se sont réunis pour aborder les enjeux environnementaux. A l’issue de cet événement, ces États ont signé la Déclaration de Bangkok, fixant les grandes lignes des actions à mener pour l’environnement dans la zone.

 

MYANMAR : UN ETAT EN QUÊTE DE PROSPERITÉ, ENTRE DEUX PUISSANCES ECONOMIQUES, L’INDE ET LA CHINE

 

Avec une population de 54,3 millions d’habitant, et une croissance du PIB de 6,6% en 2019, le Myanmar enregistre une des croissances économiques les plus élevées de la région.

Il figure néanmoins dans la liste des PMA : Pays les moins avancés; qui est une catégorie de pays créée en 1971 par l’ONU, pour définir les pays les moins développés socio-économiquement de la planète et à ce titre bénéficiant d’une attention particulière de la communauté internationale. 

Cet État le plus vaste d’Asie du Sud-Est continentale, possède des territoires aux reliefs variés, alternant hauts sommets, plaines immenses, plages et terres agricoles abondantes. Le Myanmar, indéniablement confronté au changement climatique, (classé dans le top trois des pays les plus à risques entre Puerto Rico et Haiti), est un des pays les plus exposés aux catastrophes naturelles, notamment les cyclones, les inondations, les tremblements de terre et les sécheresses. Les risques liés à la pollution et à la dégradation des ressources naturelles s'intensifient également. La pollution de l'air et de l'eau et les problèmes de gestion des déchets solides continueront de s'aggraver avec l'urbanisation rapide du Myanmar. La croissance économique, stimulée par le processus de libéralisation du pays, pose également un défi à la gestion durable de ses ressources naturelles.

En août 2018, le gouvernement a lancé le plan de développement durable à long terme du Myanmar (MSDP), 2018-2030. Ce plan repose sur trois piliers : la paix et la stabilité, la prospérité et le partenariat, et la population et la planète. Objectif : atténuer les risques liés à l’environnement, au changement climatique et aux catastrophes.

 

EAU : PRIORITÉ À L’ACCÈS A L’EAU ET LA BONNE GESTION DE LA RESSOURCE

 

Le pays possède d’abondantes ressources en eau : le total des ressources en eau renouvelables est estimé à plus de 1 100 milliards de mètres cubes par an. Malgré cette abondance, 20%  des habitants du  milieu urbain n’a pas accès à l’eau potable, faute d’existence d’un réseau de traitement et de distribution. La vétusté des infrastructures existantes dans certains quartiers entraine d’importantes fuites du réseau. Le réseau des eaux usées du centre-ville de Yangon est notamment soumis à rude épreuve lors de la mousson.

Le Myanmar est un pays fragmenté en 7 états et 7 régions, si le gouvernement central, (situé à Nay Pyi Taw) a élaboré des normes en matière d’eau potable et acté l’importance de la gestion des ressources en eau, la déclinaison de ces lignes directrices en mesures concrètes sur le terrain est délicate. Le processus de décision étant particulièrement fragmenté et les ressources financières des institutions concernées limitées.

C’est dans ce contextes de ressources financières contraintes que les bailleurs de fonds comme la Banque Asiatique de Développement, l’AFD ou encore la Banque Mondiale sont des partenaires essentiels pour le développement de projets d’infrastructures.

Pour citer quelques exemples :

  • MUSIP : Mandalay Urban Services Improvement Project, porté par la Banque Asiatique de développement, l’Union Européenne via l’AFD
  • Projet pilote de distribution d’eau potable dans le district Amarapura, porté par l’AFD
  • Projet de gestion des inondations et des glissements de terrains, porté par la banque mondiale

DES COURS D’EAU POLLUÉS À UNE ECONOMIE CIRCULAIRE INCLUSIVE ET ZÉRO DÉCHET

 

La croissance économique et urbaine rapide au Myanmar génère des pressions supplémentaires sur les services essentiels, notamment dans la gestion des déchets. Cette croissance engendre naturellement une augmentation du niveau de vie qui influe sur la production de déchets solides par les ménages. On estime qu’un habitant de Yangon produit 0,5 kg de déchets/ j (pour mémoire, un français produit en moyenne 1kg de déchets/j), composé à 77% de matières organiques.

En 2017, la ville de Yangon a collecté 880 000 tonnes de déchets solides, soit une augmentation de 23 % par rapport à l'année précédente. On estime qu'une quantité similaire chaque année n'atteint jamais les décharges, car en partie collectée par des réseaux informels (chiffonniers), mais aussi déversée dans les rivières et ruisseaux de la ville. A noter que les décharges mises en place dans le pays ne correspondent pas aux standards européens, il s’agit pour l’essentiel de décharges à ciel ouvert, qui, dans les villes de Yangon et Mandalay arrivent dangereusement à saturation. Ces services de collecte et de gestion des déchets sont assurés par la ville, et le cout de ces services n’est généralement pas refacturé aux résidents, mais au contraire fortement subventionné.

La gestion des déchets est à la fois une problématique environnementale, de santé publique, et financière pour les institutions publiques birmanes.

C’est dans ce contexte que, le gouvernement a mis en place une stratégie nationale de gestion des déchets via le plan d’action 2017 – 2030. L’objectif est de développer et mettre en œuvre la stratégie holistique et intégrée de gestion des déchets basée sur les principes d'inclusion, de zéro déchet, de zéro émission et d'économie circulaire afin de parvenir à un environnement plus vert, plus propre et plus sain au Myanmar.

 

 LA PROBLEMATIQUE DE LA QUALITÉ DE L’AIR

 

En 2018, l’indice de performance environnementale (EPI YALE) classe le Myanmar au 171ème sur 180 sur l’indice AQI (Air Quality Index), sur la qualité de l’air.

La problématique de la qualité de l’air est suivie avec une attention accrue. Principalement due aux pratiques agricoles (technique de brulis et brulage des déchets agricoles) et a une mauvaise gestion des déchets urbains, son impact sur la santé publique commence seulement à être évaluée et à être mise en relation avec des problèmes de santé publique. On estime que la pollution de l’air aurait causé plus  décès en 2017.  

Le pays manque de dispositifs de surveillance et de contrôle, ce qui engendre l’absence de données réelles dans le secteur, mais on observe une réelle volonté du gouvernement birman, qui souhaite désormais rattraper son retard en mettant en place des outils de mesure en temps réel et adopter des projets favorisant une meilleure gestion de qualité de l’air.

VIETNAM : UN CENTRE DE GRAVITE EN ASIE DU SUD-EST

 

Troisième pays le plus peuplé de la région (97 millions d’habitants), le Vietnam, situé sur la péninsule indochinoise, occupe une situation géographique stratégique au cœur de l’ASEAN.  Fort d’une croissance du PIB de 7 % en 2018 et de 6 % en moyenne depuis 10 ans, le Vietnam est en profonde mutation économique et sociale.

Le pays est en pleine expansion démographique et urbaine. 2/3 de la population vietnamienne vit aujourd’hui en zone rurale. Ce processus de développement urbain cause la dégradation rapide de l’environnement naturel. Le Vietnam reste encore un pays agricole : l’utilisation intensive d’engrais pour l’agriculture, l’aquaculture et la pêche constitue une source de pollution considérable des sols et des sources d’eau.

 

UN ACCÈS À l’EAU ET L’ASSAINISSEMENT ENCORE FAIBLE ET DISPARATE

Le Vietnam est un pays qui dispose d’abondantes ressources en eau, avec des précipitations moyennes annuelles de 2 000 m3. Cette profusion est toutefois imparfaite, car le pays n’a pas le contrôle de l’ensemble de ces ressources qui sont réparties de manière hétérogène et le traitement des eaux usées n’y est que partiel.

Dans les zones urbaines, l'accès à l'eau potable a connu une croissance rapide, avec 86% des ménages urbains raccordés au réseau d'approvisionnement en eau en 2018. Le pays fixe l’objectif d’augmenter l’accès à l’eau potable à 95%-100% et de réduire le taux de fuite de 33% à 15% d’ici 2025.

Dans les zones rurales, seulement 42% de la population est connectée au réseau d'approvisionnement en eau, et le manque de qualité de service fait défaut. 10% du réseau ne fonctionne pas correctement, et 15% du réseau est en dessous de sa capacité normale.

Le Vietnam compte actuellement une quarantaine de stations d’épuration (STEP) collectives d’une capacité totale de 890 000 m3/j et un tiers des provinces du pays n’a pas de station de traitement de l’eau usée. La majorité des eaux usées n’est pas traitée et est directement déversée dans la rivière Saigon, fleuve de 225 km situé dans le sud du pays.

Le gouvernement vietnamien prépare un plan de réhabilitation des infrastructures hydrauliques pour réduire les pertes d’eau et lutter contre les inondations urbaines. De nombreux projets sont à venir dans le développement des réseaux de collecte et de traitement des eaux usées et la construction des stations de traitement.

 

ABSENCE DE SOLUTION ADEQUATE POUR LA GESTION DES DÉCHETS

 

La gestion des déchets au Vietnam est inefficace mais le pays fait des efforts continus pour gérer les déchets solides de manière innovante et créative. Il est considéré comme l'un des cinq pays qui produisent le plus de déchets solides, soit environ 13 millions de tonnes par an. En 2017, une quantité de 38 000 tonnes de déchets municipaux est générée en un seul jour au Vietnam, un seuil historique. L'absence de solution adéquate au problème des déchets nuit fortement à l'environnement urbain. L'Administration vietnamienne de l'environnement a constaté une augmentation annuelle de 10 à 16 % de la production de déchets solides.

Avec l'industrialisation et l'urbanisation rapide du Vietnam, la production de déchets solides dangereux a augmenté et doit être gérée efficacement. En 2030, le taux de traitement des déchets solides urbains pour l’énergie devrait atteindre 70%, actuellement à 30%. Ce secteur suscite un fort intérêt des investisseurs étrangers et plusieurs projets qui présentent des opportunités pour l’offre française : des projets d’équipement de stations de traitements dans les parcs industriels, sites de valorisation énergétique des ordures ménagères, etc..

QUALITÉ DE L’AIR

 

La pollution de l’air cause de lourde perte pour le Vietnam. En 2018, le pays aurait ainsi perdu entre 11 et 14 milliards d’USD, soit environ 5% du PIB national. Il figure au 132ème place parmi 180 pays dans le classement de Yale Center For Environmental Law and Policy sur la qualité environnementale indice AQI (Air Quality Index), la qualité de l’air.

Le pays connaît une mauvaise qualité de l’air pour plusieurs raisons :  la circulation des motos et des voitures, source majeure de pollution dans les zones urbaines (60%), mais aussi de la production électrique issue des centrales au charbon ; le pays s’est engagé, suite à la COP 21, à réduire, avec l’appui de la communauté internationale, les émissions de CO2 de 8% d’ici 2030.

Dans cette transition, le Vietnam mise sur l’amélioration des activités de surveillance de l’environnement, de mise en place de capteurs, d’informations, et encourage les investissements sous forme de PPP (Partenariat public-privé).

 

INDONÉSIE : UN GEANT ASIATIQUE AU GRAND POTENTIEL

 

Avec ses 17 000 îles, l’Indonésie est le plus grand archipel du monde et s’impose comme un acteur incontournable du Sud-Est asiatique. Avec ses 268 millions d’habitants, soit la moitié de la population de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) et 40 % du PIB de la région, l’Indonésie ne cesse de surprendre. 1ère puissance économique de la zone, sa croissance constante d’environ 5 % depuis plusieurs années devrait se poursuivre.

 

Riche en ressources naturelles et consciente de ses besoins en infrastructures essentielles à l’émergence d’un véritable géant, l’Indonésie a établi un « master plan » destiné à mettre en exergue les principaux secteurs d’investissement d’ici à 2025 afin de porter son économie au dixième rang mondial. Mais une gestion environnementale encore inadéquate constitue un défi pour le pays fortement impacté par le changement climatique. Pour cela, le gouvernement prévoit des investissements dans la lutte contre la pollution, la réduction des déchets, la purification de l’eau, etc..

 

UN RETARD IMPORTANT EN MATIÈRE D’ASSAINISSEMENT PARTICULIÈREMENT DANS l’INDUSTRIE

 

L’Indonésie contient environ 21 % des ressources totales en eau de la région Asie-Pacifique, soit environ 6 % du total mondial. Malgré ces ressources abondantes, il reste néanmoins confronté à de nombreux défis en matière d’eau et d’assainissement. L’état déliquescent de ses infrastructures d’assainissement et l’intensification des rejets des polluants dans les eaux montrent qu’il reste encore beaucoup à faire.

Un des objectifs majeurs du gouvernement est de porter à 75 % le niveau d’accès à l’eau propre, actuellement à 70%. Durant les trois prochaines années, l’approvisionnement en eau potable devrait couvrir 21,4 M de foyers en zone urbaine et 11,1 M de foyers en zone rurale. 

Les gouvernements centraux et locaux s’intéressent aux projets de traitement et d’approvisionnement en eau potable, notamment en partenariat public-privé (PPP). Un certain nombre de projets voient le jour dans le secteur de l’environnement dans la perspective de remplir les ODD (Objectifs de Développement Durable, Sustainable Development Goals) que s’est fixés le gouvernement en matière d’eau potable et d’assainissement ainsi que dans les énergies propres et abordables.

Au-delà de l’accès à l’eau propre, l’Indonésie a encore beaucoup à faire dans le traitement et la collecte des eaux usées, quasi inexistants aujourd’hui tant dans les zones urbaines que rurales. Plusieurs industries, tels que le textile, le caoutchouc, l’agriculture etc. contribuent majoritairement à cette pollution. Le ministère de l'environnement estime à 12 000 le nombre de moyennes et grandes industries et à 82 000 le nombre de petites entreprises susceptibles de polluer les eaux de surface.  La mauvaise gestion des déchets influe elle aussi directement sur la qualité de l’eau dans le pays. 

L’UN DES PLUS GRAND CONTRIBUTEUR A LA POLLUTION DES OCEANS

 

L’Indonésie, le 4e pays le plus peuplé au monde devrait atteindre 400 M d’habitants d’ici 2030. À l’heure où il connaît une forte croissance démographique, le traitement des déchets se révèle être un problème conséquent pour le pays.

2ème pays le plus pollueur en matière de déchets plastiques dans le monde, sa production de déchets ménagers est estimée à 73 millions de tonnes par an, dont un tiers est déversée directement dans les rivières et océans. En 2030, la production de déchets atteindra 114 millions de tonnes.

La gestion des déchets est peu développée et il y a un défaut d’infrastructures et d’installations de traitement des déchets solides, ce qui contribuent à la contamination des eaux souterraines et des écosystèmes, ainsi qu’à la réduction de la qualité de vie en Indonésie. Le pays compte un nombre important de décharges illégales et les infrastructures sont très peu développées. 90 % des zones de stockage sont des décharges à ciel ouvert. Les déchets industriels sont encore très mal gérés : 6 700 tonnes de déchets solides industriels générés annuellement ne sont pas traités dans la capitale.

Le président Joko Widodo a signé en avril 2018 la nouvelle réglementation sur l’Accélération de la Construction de l’installation de valorisation énergétique des déchets à la base d’une technologie respectueuse de l’environnement (décret présidentielle n° 35, année 2018). 12 villes indonésiennes sont appointées pour l’accélération.

UNE FORTE DEGRADATION DE LA QUALITÉ DE L’AIR EN QUELQUES ANNÉES

 

Au cours des deux dernières décennies, l'Indonésie a connu des changements spectaculaires dans la qualité de son air. De 1998 à 2016, le pays est passé de l'un des pays les plus propres du monde à l'un des vingt plus pollués, les concentrations de particules dans l'air ayant augmenté de 171 %. Le plus grand pic s'est produit au cours des dernières années. La pollution a plus que doublé entre 2013 et 2016, majoritairement à cause des feux présents dans tout le pays. En août dernier, la capitale indonésienne, Jakarta, enregistrait la plus forte pollution de l’air au monde. Malgré une baisse actuelle du fait de à la situation sanitaire liée au coronavirus, le pays présente des déficiences majeures dans ce secteur.

L'Indonésie ne dispose pas actuellement d'une norme nationale pour les niveaux de pollution de l'air mais le gouvernement s’implique fortement pour effectuer de grands changements, à commencer par le secteur des transports, qui contribue de manière significative à la pollution atmosphérique dans des zones urbaines telles que Jakarta où 30 % de la pollution atmosphérique est provoquée par l’industrie et 70 % des gaz d’échappement des véhicules.

Le pays prévoit d’imposer une taxe sur les véhicules à carburant fossile afin de réduire les effets néfastes de la pollution, comme l’a annoncé Sri Mulyani, Ministre des Finances d’Indonésie lors du Mandiri Investment Forum 2020.

 

MALAISIE : UN MELANGE DE CULTURES, AU COEUR DE L’ASIE DU SUD-EST

 

La Malaisie qui est composée de 3 ethnies majeures, comptabilise au total 32 Millions d’habitants. On y retrouve ainsi les Bumiputeras, les Chinois et les Indiens. La mer de Chine sépare le pays en deux territoires : la Malaisie péninsulaire au sud, où habitent trois quarts de la population, et la Malaise orientale au nord. 4ème puissance économique au sein de l’Asean, le pays enregistre en 2018 un PIB de 358,6 Mds USD, derrière l’Indonésie (1 042 Mds USD), la Thaïlande (505 Mds USD).

Dotée d’une économie émergente mature et diversifiée, elle est confrontée à des problématiques d’urbanisation rapide qui impactent le pays, notamment dans le secteur de l’environnement. Le gouvernement a exprimé son souhait de s’orienter vers une croissance plus verte et a adopté, lors de l’Assemblée générale des Nations Unies à New York en 2015, l’Agenda 2030. Un engagement mondial pour le développement durable en faveur de l’environnement à long terme. Il comprend ainsi des éléments économiques, sociaux et environnementaux.

 

DES EFFORTS SUR L’ASSAINISSEMENT

 

La Malaisie affiche des difficultés pour sa gestion de l’eau. Malgré un taux d’accès à l’eau propre relativement élevé, (97% en milieu urbain et 91% en milieu rural) le pays présente une inefficacité de son organisation. En cause : les disparités concernant l’approvisionnement dans le territoire mais également les tarifs appliqués et l’augmentation continue de la population.

A partir des années 1960, la Malaisie connait une industrialisation rapide qui cause une série de problèmes de pollution, dus notamment aux eaux usées industrielles déversées dans les rivières et les mers. Les industries traditionnelles telles que l’extraction de l’étain, le caoutchouc naturel et l'huile de palme est responsable en majeur partie de cette forte pollution.

Plus de 6 800 stations d'épuration des eaux usées sur plus de 19 400 km de canalisations d'égouts sont exploitées et entretenues par l’opérateur national des services d’assainissement Indah Water Konsortium (IWK). Cependant l’IWK est confronté à certains défis, notamment le vieillissement et le dysfonctionnement des équipements.

Les programmes environnementaux du gouvernement accordent donc une grande priorité au contrôle de la pollution de l'eau, au développement des systèmes d’infrastructures de traitements des eaux usées, notamment dans l’amélioration des systèmes d’égouts, comme le projet « River of life » et au développement de nouvelles technologies.

 

LE STOCKAGE DES DECHETS A ATTEINT SA CAPACITE MAXIMALE

 

Selon le rapport du World Wide Fund For Nature (WWF), 6 pays, dont la Malaisie, représenterait ensemble environ 60% des débris plastiques entrant dans l’océan.

Le pays présente une mauvaise gestion de déchets nationaux mais également de déchets importés souvent de faible valeur. Le 20 janvier dernier, le ministre malaisien de l’énergie, des sciences, des technologies, de l'environnement et du climat, Yeo Bee Yin, a annoncé le renvoi de près de 4K tonnes de déchets plastiques non recyclables aux pays qui les avaient expédiés en Malaisie.

En 2018, 38 000 tonnes de déchets, contre 19 000 tonnes en 2005, ont été produit dans le pays, avec un taux de recyclage de 17,5%. Les 82,5% restants terminent dans des décharges. Le pays qui dispose d’un espace limité pour les décharges qui ont pour la plupart atteint leur capacité maximale, voit donc ses coûts de gestion augmenter.

La Malaisie a adopté, pour améliorer la gestion des déchets solides, une approche progressive pour privatiser et centraliser sa gestion. La hiérarchie standard de la gestion des déchets comprend cinq étapes cruciales : réutilisation, réduction, recyclage, traitement et élimination. Actuellement, l'étape la plus utilisée en Malaisie est l'élimination. Le gouvernement malaisien continue à promouvoir une méthode plus efficace de gestion des déchets en encourageant la réutilisation et la réduction dans le but de réduire les déchets mis en décharge.

 

LA POLLUTION DE L’AIR PRINCIPALEMENT LIÉE AU TRANSPORT

 

La pollution de l'air est un problème permanent dans de nombreux pays de la région de l'Asie du Sud-Est, et la Malaisie est l'un des pays les plus touchés.

Les principales sources de pollution atmosphérique sont les transports terrestres, les émissions industrielles et les activités de combustion à ciel ouvert. 70 à 75 % de la pollution atmosphérique du pays provient des émissions des véhicules à moteur, tandis que les sources fixes de pollution atmosphérique telles que les centrales électriques et les activités industrielles contribuent pour 20 à 25 % à la pollution de l'air.

Alors que le brûlage à ciel ouvert de déchets solides et les feux de forêt n'ont contribué qu'à 3 à 5 % de la pollution atmosphérique du pays, il est à noter qu’une partie importante de la pollution atmosphérique est le résultat d'activités de brûlage à ciel ouvert non contrôlées.

On peut noter d’autres causes de pollution de l’air telles que les feux provoqués par le vent d’Indonésie. Cet événement a provoqué en 2019 la fermeture de 1500 écoles dans le pays et une augmentation du nombre de malaisiens ayant des problèmes de santé liés à la pollution de l’air.

Lors de la COP21 à Paris, la Malaisie a annoncé sa volonté de réduire son empreinte de carbone de 45% entre 2005 et 2030, pourcentage prévu initialement à 40%. Pour cela le gouvernement mise sur la transition des véhicules à moteur, principal facteur de pollution, aux véhicules éco-énergétiques.

 

THAÏLANDE : UN MEMBRE ACTIF DE L’ASEAN

 

Avec ses 69 millions d’habitants, la Thaïlande se dresse comme la 2ème plus grande économie d’ASEAN, après l’Indonésie. Le pays a fait des progrès remarquables en matière de développement social et économique, passant d'un pays à faible revenu à un pays à revenu intermédiaire élevé en moins d'une génération. En tant que telle, la Thaïlande a été largement citée comme une réussite en matière de développement, avec une croissance forte et soutenue. Mais cette croissance a démontré des effets néfastes dans le changement climatique et spécialement dans la gestion de l’eau, des déchets et la qualité de l’air.

 

LA GESTION DE L’EAU ENTRE CHANGEMENT CLIMATIQUE ET POLLUTIONS

 

Le gouvernement thaïlandais tente de faire face à plusieurs défis majeurs dans le secteur de l'eau : pénuries, inondations et abondance d’eaux usées. On trouve dans les facteurs responsables de ces problèmes, les précipitations excessives, la sécheresse, la croissance démographique, l'urbanisation ou encore le développement économique et industriel.

Les inondations annuelles dues aux fortes pluies ont gravement affecté les zones urbaines thaïlandaises, en particulier Bangkok et les zones industrielles. Le déversement d'eaux usées urbaines, industrielles et agricoles non traitées pollue les eaux de surface, souterraines et marines, tandis que la consommation d'eau augmente. En parallèle la gestion intégrée de l'eau est inefficace. Une des priorités du gouvernement est l’amélioration de la gouvernance du secteur de l’eau et de l’assainissement, le renforcement de la sécurité d’approvisionnement et la réduction des fuites d’eau, qui présente actuellement 30% des pertes du réseau.

En 2017, le gouvernement a donné le feu vert à un plan directeur de 20 ans pour la gestion de l'eau, visant à résoudre les problèmes chroniques de sécheresse, d'inondations et d'eaux usées en Thaïlande. Ainsi, le plan vise à fournir de l'eau propre à 75 032 villages d'ici 2030, à résoudre les inondations et les sécheresses dans 66 zones.

 

AMBITION ZERO DÉCHET EN THAILANDE

 

La Thaïlande est confrontée à de nombreux problèmes de gestion des déchets, notamment liés à l'augmentation de la quantité de déchets causée par la croissance démographique et le développement socio-économique.

Classée au sixième rang mondial des pollueurs marins, la Thaïlande a produit en 2018 plus de 27 millions de tonnes de déchets dont seulement 39 % ont été traités efficacement et 27 % ont été recyclés.

D’ici 2030, L’objectif ambitieux du gouvernement est d’augmenter le taux de recyclage de plastiques collectés à 100% et tendre ainsi vers le déchet zéro avec l’interdiction des sacs plastiques à usage unique. Les thaïlandais utiliseraient jusqu’à 45 milliards de sacs plastiques par an dont 40%, soit environ 18 milliards, proviendraient des marchés de produits frais.

Il existe 3 205 sites de traitement des déchets, dont seulement 23 % sont opérés conformément aux normes de qualité. SUEZ réalise la construction d’une usine à Bang Phli, près de Bangkok, pour le recyclage des déchets plastiques en polymères recyclés. Dans la continuité, cette usine contribuera à l’objectif ambitieux du gouvernement.

L’impact environnemental de l'absence de gestion hygiénique des déchets a entraîné de graves problèmes tels que la contamination des eaux de surface et des eaux souterraines.

En parallèle des initiatives « zéro déchet » avec l’application du principe des 3R : réduire, réutiliser et recycler, les efforts du gouvernement se concentrent sur les règles de gestions des déchets et des lignes directrices à l'intention des autorités locales.

 

UNE QUALITÉ DE L’AIR MEDIOCRE

 

Malgré une baisse de la pollution de l’air dans le pays, provoquée par la situation liée au coronavirus, la Thaïlande reste néanmoins au septième rang des pays les plus pollués du monde, la mauvaise qualité de l'air réduisant l'espérance de vie moyenne de deux ans.

Cette pollution est principalement causée par les véhicules, en particulier dans les grandes villes, par les pratiques agricoles (brûlis), par les industries et le secteur de la construction. La dégradation de la qualité de l’air est une réalité quotidienne en particulier à Bangkok et dans le Nord du pays.

Environ 90 % des particules dangereuses présentes dans l'air à Bangkok et dans ses environs sont générées par les gaz d'échappement des véhicules, la combustion de la biomasse et les usines. Et plus les chiffres de la pollution augmentent, plus les coûts économiques liés à la santé augmentent.

Le nombre de véhicules immatriculés à Bangkok a plus que doublé au cours des dix dernières années pour atteindre 10,5 millions.  Pour réduire la pollution et la congestion, le gouvernement souhaite construire de nouvelles lignes de métro aérien pour promouvoir le transport en commun. Le gouvernement a par ailleurs baissé le droit d’accise à 0 % pour les voitures électriques. De plus, le BOI (Board of Investment) a validé des projets d’investissements d’un montant de 4,6 Mds USD destinés au développement des voitures électriques dans le pays.

Eléonore SAYAR

Département Industrie & Cleantech