4ème puissance économique d'Amérique latine, la Colombie est le 3ème pays le plus peuplé du continent, avec plus de 48 M d’habitants, dont 78% se concentrent dans les grands centres urbains tels que Bogotá, Medellín, Cali ou Barranquilla.

Sa géographie très tourmentée fait de la mobilité un défi permanent tant en milieu urbain que dans les zones rurales, ce qui accroit les besoins en matière de solutions ITS. Pour répondre efficacement à ces problématiques, le gouvernement s'est doté d’axes prioritaires afin d’orienter les efforts vers l’amélioration des systèmes et des infrastructures de transport.

Dans les grandes villes, les enjeux concernent principalement la réduction des embouteillages, la mise à niveau de l’offre de transport public, encore insuffisante, l’installation de systèmes de feux de circulation efficaces, l’amélioration du stationnement sur la voie publique, la réduction du taux d’accidents de la route, etc.

En zones rurales, les problématiques de transport relèvent principalement de l’insuffisance de l'offre, couplée à une demande éparse et une rentabilité limitée. De nombreuses régions restent très isolées, ce qui freine leur développement économique et pénalise l’inclusion sociale. L’objectif est donc de désenclaver certaines zones grâce notamment aux technologies ITS.

  

Des projets de transports aux normes internationales

L’engagement du gouvernement colombien dans le développement des ITS est reconnu et soutenu par la communauté internationale. La récente adhésion de la Colombie à l’OCDE (seul membre latinoaméricain, avec le Mexique et le Chili), a d’ores et déjà contribué à stimuler l’émergence de nouveaux projets d’infrastructures de transport. Son entrée dans le club des économies les plus avancées va de pair avec de nouvelles obligations en termes de gouvernance, de régulation et de normes dans les futurs projets.

Ce nouveau cadre facilite l’accès à des financements additionnels de la part des bailleurs de fonds, et stimule le déploiement de systèmes et réseaux intelligents, respectueux des normes internationales.

Une enquête nationale sur la logistique de 2018 a révélé que la Colombie était l’un de pays de l’OCDE ayant les coûts logistiques les plus élevés (de 9 points supérieurs à la moyenne de l’OCDE). Le transport représentant 37,5% des coûts logistiques, l’objectif du gouvernement est de converger vers la moyenne des pays de l’OCDE, en mettant l’accent sur les solutions ITS, considérées comme le moyen le plus efficace de pallier ce retard.

La Colombie a signé, en juin 2019, un Mémorandum of Collaboration (MOC) avec le gouvernement coréen qui acte le soutien de la Corée du Sud à la conception et à la mise en œuvre d’un plan directeur national ITS. Cette coopération a déjà donné lieu à des réalisations concrètes à Medellín, où les Coréens participent à la conception et l’implémentation de projets ITS dans la ville.

 

Un Plan National de Développement

Dans le cadre du Plan National de Développement 2018-2022, un budget de 12 M EUR a été alloué aux problématiques ITS. Face à la carence des infrastructures de transports, le gouvernement considère cette thématique comme prioritaire. Il est nécessaire pour les entreprises du secteur d'être associée à ces réflexions dès les premières phases de projet.

 

Infrastructures routières

Malgré ses particularités géographiques, le transport routier est prédominant. La Colombie possède 206 700 km de routes, mais selon un récent rapport de la Banque Interaméricaine de Développement, il faudrait, a minima, 45 000 km de voies supplémentaires pour que les infrastructures routières répondent aux besoins du pays. 142 000 sont considérés comme des voies tertiaires, dont 84 % nécessitent une réhabilitation urgente de mise à niveau aux standards de qualité internationaux.

L'Agence Nationale des Infrastructures (ANI), se concentre sur la mise en œuvre de partenariats public-privé pour mener à bien son ambitieux programme autoroutier. A ce jour, 31 projets sont attribués dont 21 sont déjà en construction et 9 en pré-construction. Le budget total estimé est de 17 Mds EUR incluant la construction de 141 tunnels, 3588 viaducs, tout au long des 7 000 km de voies.

Notons que la majeure partie du réseau routier est géré par des concessions privées, financées par des péages dont la technologie est obsolète et source de congestion - d'où la volonté de trouver des solutions de gestion alternatives. Dans les villes, les projets privés de construction de voies pourraient être l’occasion d’implanter des systèmes de péages urbains.

 

Intermodalité

Le plan de transport intermodal de 2015 mettait l’accent sur la nécessité de diversifier les modes de transport du pays, remettant sur le devant de la scène les transports fluvial et ferroviaire, ainsi que les synergies pouvant exister entre chacun d’entre eux. Le succès de cette stratégie d’intermodalité dépend de l’implémentation de systèmes de gestion fluides.

 

Transport fluvial

Le transport fluvial est un élément clé d’une offre de transport intermodal complète. Ainsi, la réhabilitation et l’aménagement du fleuve Magdalena, principal axe fluvial du pays, est l’une des priorités gouvernementales. Ce fleuve sur lequel ont été acheminés plus de 3,5 MT de marchandises en 2018, devrait permettre, grâce à la construction d’infrastructures ad hoc et l’installation de systèmes de gestion intelligents, d’acheminer jusqu’à 6 MT d’ici à 2023. De plus, des projets d’aménagement seront lancés pour permettre de diversifier les marchandises transportées (actuellement 95% d’hydrocarbures et seulement 5% de vrac sec).

Pour atteindre cet objectif, le gouvernement a alloué en mai 8,2 Mds EUR au financer des projets d’aménagement fluvial (projets en partenariat public-privé cofinancés par FINDETER, la banque de développement des territoires). Les premiers tronçons qui feront l’objet d’une réhabilitation et de modifications seront ceux de Barrancabermeja / Pinillos (Bolívar), du canal d’accès au port de Barranquilla et du canal de Dique.

 

Infrastructures ferroviaires

En Colombie, le transport ferroviaire est très peu développé et dédié au fret de marchandises. Néanmoins, le Plan National de Développement marque un regain d’intérêt pour le développement d’un réseau étendu. Le gouvernement et le Grupo Brisa travaillent à la création de 330 km de voies ferrées, pour un investissement total de 623 M EUR (410 M EUR pour les voies et 210 M EUR pour le matériel et la gestion).

Ces projets comprennent la réhabilitation et l’extension d’axes ferroviaires nationaux comme Dorada / Chiriguaná (Grupo Brisa), Bogotá / Belencito, le réseau ferré du Pacifique, et régionaux (Cundinamarca, Antioquia, Valle del Cauca et Région Caraïbe).

 

Transport aérien

Le transport aérien en Colombie est le 2nd moyen de transport le plus utilisé. En 2018, 38 M de passagers ont transité par un aéroport du pays, et cela devrait atteindre 100 M d’ici 2030. La Colombie compte 10 aéroports internationaux, 40 aéroports commerciaux et 238 petits aéroports (autour de 20 000 passagers annuels).

Il est donc crucial de renforcer la qualité des infrastructures et de leur gestion, et deux nouveaux aéroports vont être contruits : El Dorado 2 à Bogotá (pour 1,1 Md EUR) et Citadel à Carthagène (470 M EUR). Les aéroports régionaux vont être rénovés et mis aux normes internationales, comme ceux de Cali, Neiva, Ibagué, Buenaventura, Armenia, San Andrés, El Embrujo et l’aéroport Rafael Nuñez à Carthagène (105 M EUR).

Quelle que soit la nature du projet (construction ou rénovation), les technologies ITS devront optimiser la gestion opérationnelle des aéroports, souvent mise à rude épreuve face à la croissance des flux.