Alors que les trottinettes électriques font désormais partie du paysage urbain en France, il en est autrement au Royaume-Uni, où aucune législation n’est encore adaptée à ce type de véhicules. Toutefois, la multiplication des essais dans plusieurs villes britanniques et les réflexions du ministère des Transports (Department for Transport, DfT) et des chambres parlementaires à ce sujet font bouger les lignes, moyennant un durcissement des conditions de sécurité.

 

A ce jour, l’usage de trottinettes électriques privées sur la voie publique est interdit au Royaume-Uni, dans la mesure où, considérées comme des « véhicules motorisés », elles ne respectent pas les régulations qui leur incombent. La révision du cadre législatif relatif aux transports entreprise par le gouvernement britannique doit définir si les e-trottinettes sont légales et dans quelles conditions. En cas de légalisation, il faudra leur dédier une nouvelle catégorie de véhicules adaptée.

 

Si l’usage de e-trottinettes personnelles dans l’espace public reste illégal, plus de 66 000 sont néanmoins en activité sur le territoire via des essais de plateformes de location comme Tier, Lime ou Dott. Une trentaine d’essais sont en cours au Royaume-Uni, gérés par les municipalités et les autorités en charge des transports, comme Transport for London dans la capitale. Notons que ni l’Ecosse ni le Pays de Galles n’accueillent de tels essais pour le moment.

 

Toutefois, l’usage des trottinettes en location publique via les essais de plateformes est affaibli par la présence illégale de plus d’un demi-million de e-trottinettes privées sur le territoire britannique. Le septicisme concernant la capacité de ce mode de transport à améliorer le trafic, la sécurité et la qualité de l’air joue également en sa défaveur. Par conséquent, la durée des essais, supposés avoir lieu pour 12 mois à partir de mi-2020, a été allongée jusqu’à novembre 2022. Cette décision inquiète les plateformes quant à l’issue des dits essais, elles qui ont investi des dizaines de millions d’euros dans le déploiement de trottinettes pour pénétrer le marché britannique.

 

Par ailleurs, la prolongation des essais de location de trottinettes électriques s’accompagne d’un cortège de mesures de sécurité pour les plateformes et les utilisateurs : limitation de vitesse à 25 km/h, plafond de puissance à 5 watts, obligation d’équiper les véhicules avec phares et klaxon, nécessité de fournir une assurance et de donner accès à une formation pour les uns, détention d’un permis de conduire, interdiction de rouler sur les trottoirs et parking dans des zones dédiées pour les autres. Les plateformes de location devront également procéder à des vérifications de la validité des permis de conduire de leurs utilisateurs. Pour faciliter le contrôle des trottinettes, le DfT prévoit par ailleurs l’introduction de plaques d’immatriculation uniformes à toute l’industrie.

 

Un récent débat à ce sujet à la Chambre des Lords témoigne des opinions contrastées que suscite la légalisation de l’usage des trottinettes électriques au Royaume-Uni. Les conditions de cette légalisation reposeront de toute évidence sur une cohorte de nouvelles régulations destinées à réduire les risques d’accidents qui y sont liés. Le DfT attend les conclusions des multiples tests pour prendre une décision.

Auteur : Anne-Laure Chelius, Business France Londres