I/ Un retour de la croissance mondiale tirée par la Chine

Au cours de l’année 2020, la demande en produits laitiers au niveau mondial est restée forte et devrait continuer à le rester pour 2021.

Le FMI prévoit pour cette année une croissance de l’économie mondiale de 6% après une contraction de -3,3% en 2020. Une reprise qui devrait être plus rapide pour les économies avancées que pour les pays émergents notamment. Cette croissance se fera donc à plusieurs vitesses, principalement tirée par la Chine et les Etats-Unis.

La Chine plus particulièrement a retrouvé un rythme de croissance d’avant crise en fin d’année 2020, profitant ainsi à l’ensemble du commerce mondial. La demande en produits laitiers de la Chine a su rester robuste sur l’ensemble de l’année dernière, malgré la pandémie et les difficultés logistiques, et s’accélère d’autant plus ces derniers mois.

Ainsi le volume import de produits et ingrédients laitiers de l’Empire du Milieu sur le premier trimestre (T1) 2021 est estimé à +32,5% et +34,6% en comparaison avec le T1 2020 et T1 2019. Une demande qui s’accélère notamment via la reprise du foodservice et à un gouvernement chinois qui incite sa population à consommer davantage de lait et produits laitiers (la consommation actuelle se situant aux environs de 35 L équivalent lait/hab/an contre une moyenne mondiale estimée à 114 L).

De fait la France a vu ses exportations de produits laitiers vers la Chine croître au T1 2021 (174 M EUR) comparé au T1 2020 (116 M EUR) et au T1 2019 (126 M EUR). La France se situe en tant que 5ème fournisseur sur cette période, devant les Etats-Unis et derrière la Nouvelle-Zélande, les Pays-Bas, l’Allemagne et l’Australie.

La Chine reste solidement accrochée à son rang de 1er importateur mondial de produits et ingrédients laitiers avec des importations en 2020 évaluées à + de 11,1 Mds € (~13,5% des importations mondiales), très loin devant l’Allemagne, les Pays-Bas ou encore la France.

II/ Les principaux produits et ingrédients laitiers importés par la Chine au premier trimestre 2021

La Chine se positionne comme premier importateur mondial sur notamment 4 ingrédients et produits laitiers, à savoir le lait écrémé en poudre, le lait entier en poudre, le beurre et le lactosérum en poudre.

Au premier trimestre de cette année, la Chine a importé 118 921 tonnes de lait écrémé en poudre contre 88 835 tonnes au premier trimestre 2020, soit une augmentation de 34% en seulement un an.

Pour le lactosérum en poudre, l’augmentation est encore plus conséquente : les importations vers la Chine ont augmenté de 59% pour atteindre 201 409 tonnes cette année bien que cette montée en flèche des importations chinoises en la matière s’explique en partie par l’accord commercial USA-Chine « phase un » et l’exemption de surtaxes douanières sur certains produits américains importés, dont le lactosérum.

Les importations chinoises de lait entier en poudre, quant à elles, sont passées de 269 801 tonnes au premier trimestre 2020 à 306 501 tonnes au premier trimestre de cette année, soit une augmentation de 21%.

A noter que concernant ces deux derniers ingrédients laitiers (lactosérum et lait entier en poudre), la Chine domine outrageusement le marché des importations : dans les deux cas, la Chine importe plus que les 10 autres plus grands pays importateurs cumulés.

Les importations de beurre ont baissé sur le premier trimestre 2021 comparé à 2020 mais la Chine demeure largement le premier importateur mondial, hors Europe, avec 40 980 tonnes importées sur cette période.

Concernant le lait infantile, même s’il s’agit d’un des principaux postes d’importation de produits laitiers de la Chine, l’année 2020 marque une diminution des importations. Elles auraient reculé de 3 % selon les autorités du pays, une tendance qui continue d’être observée au premier trimestre 2021 en comparaison avec la même période 2020. En cause, la baisse de natalité : en 2020, les naissances ont reculé de 22 % par rapport à 2019. Une chute liée à la pandémie mais qui était déjà amorcée malgré la fin de la politique de l’enfant unique. Autre cause majeure : la pandémie de Covid-19 a ralenti les chaînes logistiques et provoqué des pénuries d'approvisionnement, souligne une étude de Dongguan Securities.

Une production laitière chinoise en croissance mais qui n’altère pas les niveaux d’importations

Du fait de la hausse de la consommation de produits laitiers et d’une production stagnante depuis 2008, la Chine a dû recourir massivement aux importations. Néanmoins, la production laitière chinoise tend à augmenter ces deux dernières années : cette dernière est estimée à 34,5 millions de tonnes métriques en 2021, soit une augmentation de près de 5% comparé à 2020, et cela en grande partie grâce à l'amélioration de la productivité. Cette augmentation reste toutefois encore insuffisante puisque les niveaux d’importations continuent de croître chaque année : avec pour 2020, 3,5 M de tonnes importées contre 3,1 M de tonnes en 2019, soit une augmentation de 11%.