Depuis le 12 février 2021, l’Italie a officiellement créé un Ministère de la Transition Écologique qui englobera toutes les politiques environnementales et énergétiques du pays, géré jusqu’alors par le Ministère du Développement Économique. C’est Roberto Cingolani, personnalité scientifique, qui a été nommé à la tête de ce nouveau Ministère.
Dans le cadre de sa nouvelle politique énergétique, les plans nationaux favorisent le secteur de l’hydrogène, au même titre que les plans européens.
AMBITION HYDROGÈNE
Conformément au Plan National Intégré pour l’énergie et le climat (PNIEC), l’Italie a publié fin 2020, « La stratégie Nationale Hydrogène », qui recense par lignes directrices le rôle de l’hydrogène dans la filière de décarbonisation.
Le PNIEC fixe tous les objectifs en matière d’efficacité énergétique, de ressources renouvelables et de réductions d’émissions de CO2, d’ici 2030 et 2050. Le plan national intégré pour l’énergie et le climat, mentionnait déjà l’hydrogène comme l’option permettant d’atteindre les objectifs de sécurité et de flexibilité dans l’utilisation, notamment par l’intégration croissante de l’hydrogène dans les infrastructures des réseaux électriques et gaziers.
Pour répondre à une demande d’hydrogène, l’Italie a mis en place cette stratégie nationale qui propose 2% de pénétration d’hydrogène dans la demande énergétique finale pour un total de 10 milliards d’euros d’investissements. Ce montant impactera le PIB national à mesure de 27 milliards d’euros de PIB supplémentaires sur le long terme. Il en découlera plus de 200 000 de créations de postes de travail temporaire et 10 000 postes fixes, 8 mégatonnes d’émissions de CO2 en moins et 5 GW de capacité de l’électrolyse pour la production d’hydrogène.
Dans le cadre du plan de relance européen « Next generation EU », l’Italie a proposé un PNRR, un Plan National de Reprise et de Résilience. C’est un instrument clé pour soutenir l’investissement en termes d’hydrogène où plus de 2 milliards d’euros seront alloués à cette filière.
D’autres plans européens et nationaux sont également en place, par exemple le Fond d’Innovation qui est le programme national par lequel Bruxelles investi dans les projets des technologies propres, le PON : Le Plan Opérationnel National, qui s’échelonne entre 2021 et 2027 et tous les « Important Project of Common European Interest » qui eux aussi, soutiennent la filière sur les prochaines années.
UNE MOBILISATION SANS PRÉCÉDENT
Au niveau national, beaucoup de ressources nationales seront investies dans les projets verts. C’est le cas du Fond de croissance durable, du décret législatif août et de la mission innovation. Tous ces fonds nationaux se concentrent également sur la recherche, notamment sur le système électrique national, sur les technologies propres et sur les projets d’hydrogènes verts.
Principaux secteurs touchés par cette thématique :
Le transport et notamment le transport lourd, avec la mise en place de nouvelles normes d’émissions pour les OEM (Original Equipment Manufacturer). Les nouvelles réglementations vont exiger une réduction des émissions de 15% et de 30% sur les véhicules neufs, respectivement d’ici 2025 et 2030.
En ce qui concerne les chemins de fer et en particulier pour le transport de passagers, dans les prochaines années, les trains à piles combustibles seront très compétitifs en matière de coût notamment par rapport au train diesel qui englobe aujourd’hui 1/3 des chemins de fer du pays. Le secteur des chemins de fers est l’un des plus prometteurs actuellement en Italie. Selon les données des associations locales de surveillance sur la thématique de l’hydrogène, le secteur des chemins des chemins de fer justifierait à lui seul un marché national de l’hydrogène.
L’Italie étant un pays très industriel et industrialisé, c’est donc sans surprise que le secteur de l’Industrie représente une importance particulière dans la filière hydrogène, notamment les Industries « hard to abate » qui sont les industries les plus polluantes, comme la chimie ou encore le raffinage du pétrole. Dans ces secteurs aujourd’hui, l’hydrogène est principalement produit sous sa forme « grise ». Il faut donc tendre à une décarbonisation, soit un passage progressif de l’hydrogène à faible teneur carbone qui serait l’alternative la plus viable. C’est un secteur également prometteur pour commencer à utiliser l’hydrogène à faible teneur en carbone et développer le marché.
Les « Hydrogens Valleys » suscitent l’intérêt de la nation et se déploient à travers tout le pays. Ce sont des écosystèmes qui comprennent à la fois de la production et de la consommation d’hydrogène. On retrouve la première et très importante « Hydrogen Valley » de l’Italie située en Lombardie et plus précisément à Valcamonica, sur le long de l’axe ferroviaire du projet H2IseO de FNM (principal acteur du transport en Lombardie) et Enel Green Power (filiale verte de l’équivalent d’EDF) prévu à la conversion de la ligne ferroviaire non électrifiée qui aujourd’hui est traversé par des trains diesel en trains à traction hybride électrique-hydrogène.
À Rome, on prévoit la création une vallée de l’hydrogène dans un centre de recherche de toutes les technologies liées à la chaîne de ce secteur, allant de la production au stockage et jusqu’à l’utilisation finale.
Un autre projet, cette fois-ci, de création de hub hydrogène se développe en Sicile, l’île stratégique qui détient toutes les caractéristiques de ressources pour les énergies renouvelables, le soleil, le vent et un positionnement profitable pouvant servir de lieu de passage et de transit entre l’Afrique du nord et l’Europe du sud.
Des projets pilotes sont en cours dans les transports publics locaux, dans la biométhanisation et les sites sidérurgiques secondaires.
Dans l’objectif de répondre à une demande d’hydrogène d’environ 2% d’ici 2030, 3 modèles de production et de transport de l’hydrogène sont proposés dans cette stratégie nationale :