« Une agriculture forte, c’est une agriculture qui exporte ». Les propos du ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, en ouverture des Journées Export Agro le 29 mars dernier, laissaient peu de doutes sur les ambitions de la semaine : en plein contexte de crise (et de relance) économique, la mobilisation des filières agro autour de l’export semblait impérative. D’autant plus avec les défis à venir sur les transitions alimentaires ou sur les contraintes douanières spécifiques comme le Brexit (sujet spécialement évoqué le jeudi 1er avril par le ministre délégué chargé du Commerce Extérieur, Franck Riester). D’où un dispositif « d’une ampleur exceptionnelle » (selon les mots du directeur général de Business France, Christophe Lecourtier) réunissant pas moins de 2000 participants dont 2/3 d’entreprises sur une semaine entière - du 29 mars au 2 avril 2021.  

 

Les chiffres en témoignent : une quinzaine de webinaires, une centaine de rendez-vous d’affaires, 15 partenaires régionaux et nationaux… les attentes étaient nombreuses autour de cet événement 100% digital co-organisé par le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation et Business France.

But (triple) de l’opération :

  • diffuser en un temps limité toutes les informations nécessaires à la connaissance des marchés d’export,
  • connecter les exportateurs au réseau international de l’agro
  • alerter les entreprises sur l’ensemble des aides possibles dans le contexte de la relance.

 

1. DES AIDES POUR LA RELANCE PAR L'EXPORT

3. MARCHÉ PAR MARCHÉ

2. UNE EXPLORATION POINTUE DES MARCHÉS

4. FOCUS SUR DES THÉMATIQUES CLÉS

 

DES AIDES POUR LA RELANCE PAR L’EXPORT

Car les dispositifs de soutien ne manquent pas et c’était tout l’objet de la séance d’ouverture de rappeler les complémentarités de ceux-ci à l’échelle nationale et régionale. 

Qu’il s’agisse de dispositifs portés par Business France (Chèque Relance Export, prospection digitale, chèque VIE), par Bpifrance (assurance prospection accompagnement), par le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation (Chèque Relance Export Agro, DINAII et plan de structuration de filière pour l’exportation collaborative) et par les Régions (par exemple : le plan Export Leader de la Région Ile de France présenté par sa vice-présidente Alexandra Dublanche, ou le plan Booster Export de la Région Hauts de France), les entreprises de l’agro se sont vues mettre à disposition un éventail d’aides leur permettant souvent d’entreprendre des opérations de prospection couvertes à 75%, voire même à 100% - et réduisant de facto le risque lié à la découverte d’un marché.

 

UNE EXPLORATION POINTUE DES MARCHÉS

La découverte des marchés… c’était probablement là le cœur de l’initiative des Journées Export Agro. Avec un pilier « Informations » rappelé comme essentiel - à la fois par Frédéric Rossi de Business France et par Frédéric Lambert du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation – la mise à disposition exceptionnelle et gratuite de près de vingt études de marché financées par le ministère de l’Agriculture (et réalisées par Business France et SOPEXA) intervenait comme le fil rouge de la semaine. Pas moins de quinze webinaires venaient ainsi rythmer la semaine pour diffuser la veille la plus à jour sur les marchés porteurs et les thématiques clés du marché.

 

Explosion du bio, intérêt pour les régimes émergents et les allégations ‘sans’, préoccupations éthiques et environnementales… les présentations des experts conso de SOPEXA sur chaque marché sont venues apporter des réponses aux entreprises qui s’interrogeaient sur les attentes de leurs futurs consommateurs étrangers. Tandis que leurs homologues de Business France mettaient en avant des recommandations sur les filières gagnantes de chaque marché, l’intérêt de travailler en GMS dans le pays ou les stratégies de pricing et de négociation pour chaque circuit de distribution. Un dialogue à bâtons rompus avec les spectateurs jamais avares de questions (« le nutriscore est-il actif dans le pays ? », « est-il recommandé de travailler en MDD ? », « quelle est la place du e-commerce ? », etc.) qui a permis de donner une image concrète de chaque marché, appuyée par un temps fort en fin de webinaire : le témoignage très « ancré » d’une entreprise implantée dans le pays, toujours riche en informations et ressentis.

 

LES JOURNÉES EXPORT AGRO MOBILISENT LE SECTEUR À L’INTERNATIONAL

 

MARCHÉ PAR MARCHÉ

Un tour d’horizon export qui aura permis de découvrir ou redécouvrir plusieurs marchés…

… A commencer par l’Espagne, mise à l’honneur pour l’évolution récente de sa consommation vers davantage de produits gourmets et ‘terroir’, offrant ainsi à des filières françaises (comme les produits laitiers ou les fruits & légumes) des opportunités de marchés importantes.

… Ou l’Italie, de plus en plus séduite par les allégations durables et saines, qui se tourne vers les produits français de qualité pour une complémentarité avec ses recettes nationales, au cœur d’un paysage GMS en pleine restructuration.

 … En Belgique, c’est l’approche conso différenciée Wallonie/Flandre qui a occupé les discussions, tout comme l’opportunité d’en faire un marché test cosmopolite pour des innovations produits – en plus d’un débouché actif pour la filière Vins.

… Plus gros marché européen, dominé par des leaders GMS et discount, lAllemagne a rappelé son avant-gardisme sur les allégations bio et durables et la nécessité d’y mener une stratégie prix et investissement rigoureuse et régionalisée, rétribuée par les volumes et une expansion progressive.

… Le webinaire Suisse a, quant à lui, souligné le fort penchant des consommateurs pour les tendances locales, bio et les régimes végétaux – une affirmation portée par la réussite de Triballat Noyal venue témoigner de son expérience sur ce marché triple (Suisses romande, alémanique, italienne) dominé par les deux distributeurs historiques que sont Migros et Coop.

 

En continuant le voyage au-delà des frontières de l’UE, les participants des Journées Export Agro ont pu bénéficier d’une plongée inédite dans le Royaume-Uni post-Brexit, où la digitalisation des consommations renforce une concurrence déjà féroce, marquée par l’innovation et les stratégies de prix. Avec le témoignage inédit de deux entreprises exportatrices (Tereos et Skretting France) et les recommandations des conseillères aux affaires agricoles de l’Ambassade de France à Londres, la session a fait la part belle aux enjeux douaniers de l’après 24 décembre 2020 (date de l’accord entre l’UE et le Royaume-Uni) et de ses implications concrètes pour les entreprises de l’agroalimentaire.

Inédite également, la matinée d’exploration des marchés du Golfe (Arabie Saoudite, Emirats Arabes Unis, Qatar) qui aura permis de mettre en lumière les tendances de consommation particulières de ces pays ainsi que les opportunités de marchés offertes par le nouveau contexte politique de sécurisation alimentaire de la zone (notamment pour les filières amont que sont l’aquaculture, les équipements ou les cultures végétales).

 

Enfin, certaines destinations plus traditionnelles du grand export ont été mises à l’honneur :

 

… À commencer par les Etats-Unis, où innovation, snackification et défis d’accès au marché ont occupé les discussions, comme en a témoigné le consortium Jambon de Bayonne, véritable success story d’implantation d’un produit de terroir français au cœur de la consommation américaine.

… Ou encore le Japon, marqué par l’occidentalisation de ses pratiques et l’exploration émergente de tendances durables et environnementales. Choix du partenaire, comportement de négociation, adaptation aux codes locaux : deux ans après l’APE, le lien si fort entre les produits français et les consommateurs japonais a été rappelé et largement illustré par la marque Echiré.

… Et enfin la Chine, où la digitalisation rampante et l’explosion du niveau de vie des consommateurs conduisent à des stratégies de valorisation spécifique des produits, appuyées sur la traçabilité, le prix et la visibilité marketing.

 

FOCUS SUR DES THÉMATIQUES CLÉS

De cette semaine ressortent donc des informations exclusives sur les marchés, nourries par la diversité des intervenants (environ trois ou quatre par session), mais également des visions croisées sur des thématiques plus transversales – comme ce fut le cas avec les ateliers dédiés :

… Le e-commerce et les market places, avec une session qui a souligné l’importance d’intégrer une dimension digitale dans toute stratégie export et répondu aux questions très opérationnelles des entreprises sur les coûts et bénéfices de chaque plateforme.

… L’export collaboratif, également, avec les témoignages de plusieurs entreprises ayant abordé des marchés à plusieurs, par groupement ou par filière, en faisant valoir les expériences et intérêts de chacun.

… Lescertifications et agréments sanitaires, enfin, avec l’exploration des règles en vigueur pour les pays tiers, notamment pour les végétaux et animaux vivants, et les démarches indispensables à entreprendre pour exporter son produit.

 

Au terme de cinq jours d’événement – sans oublier la journée dédiée aux rendez-vous avec les conseillers agricoles et les experts Business France de chaque marché – les entreprises et acteurs de l’agro auront donc bénéficié d’un panorama large d’informations et d’échanges pour mieux cibler leur relance à l’export.

Dans un contexte marqué par l’incertitude, cette plongée très précise et opérationnelle dans l’intelligence des marchés aura constitué un jalon important pour le secteur agroalimentaire dans sa dynamique de reprise à l’export.

«Vous donner le goût de l’export », disait le slogan de l’événement… Au regard des chiffres de participation, l’appétit des entreprises agro pour l’international semble plus que jamais manifeste.

 

Pour en savoir plus sur les marchés abordés lors de cet événement, consultez toutes les études sur notre site !