C’est un rendez-vous annuel devenu incontournable pour les entreprises de la filière agro : les Journées Export Agro (JEA) ont une nouvelle fois trouvé leur public (plus de 750 participants), trois ans après le lancement de la première édition. Coorganisées par le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire et Business France en partenariat avec FranceAgriMer, elles visaient cette année à faire le point sur les opportunités export, en Europe mais aussi dans les pays tiers, à l’heure d’une redynamisation quasi générale du commerce international.

« Lors des précédentes éditions, l’objectif était de trouver de l’information et des marchés pour limiter la casse en pleine crise sanitaire, explique Margot Le Guernigou, responsable d’études internationales chez Business France. Cette année, les JEA rassemblaient un public déjà très mature dans la connaissance export et la prospection des marchés. D’où des thématiques comme la levée de barrières douanières dans les pays tiers, le fret maritime ou la réexportation depuis les Pays-Bas ou la Belgique ».

 

 

Le contexte de 2023 n’était pourtant le plus simple pour les entreprises : explosion de l’inflation sur plusieurs marchés, instabilité des coûts logistiques, chute de la consommation bio en France… « La question sous-jacente à beaucoup de webinaires, c’était : dans un contexte de hausse des prix, le made in France a-t-il encore sa place sur tous les marchés et tous les circuits, vu son positionnement déjà premium ? », explique Margot Le Guernigou.

Pour tenter de répondre à ces interrogations, une cinquantaine d’experts issus des représentations à l’étranger du ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, de Business France ou de Sopexa, ainsi que des consultants ou des importateurs / exportateurs implantés sur les marchés cibles, avaient ainsi accepté de livrer leurs connaissances et leurs analyses issues du terrain. « Un accès à l’intelligence économique dans un contexte concurrentiel », selon la formule employée par Martin Deruaz, chef du bureau des exportations et des partenariats internationaux au sein du ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire.

D’autant que la segmentation des webinaires en deux catégories (six webinaires « pays », trois webinaires thématiques) et le couplage avec les Journées d’Accès au Marché transversales de la Direction Générale du Trésor permettaient de couvrir un large panel d’informations et de projeter ainsi plus sereinement les entreprises vers leurs marchés cibles. « Il faut surtout rappeler que la plupart des informations évoquées lors de ces JEA proviennent d’études financées par le ministère ou par FranceAgriMer et qui sont disponibles gratuitement pour les entreprises », rappelle Margot Le Guernigou. Une richesse documentaire qui devrait nourrir la réflexion de nombreux exportateurs…

 

Vidéo de conclusion des JEA par Martin Deruaz, chef du Bureau Export et Partenariats Internationaux au ministère de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire
et Julien Barré, chef de la Mission des Affaires Européennes et Internationales à FranceAgriMer.

 

Pour l’heure, ce sont les replays des neuf séquences des JEA qui ont été mis en ligne, l’occasion de faire un tour d’horizon des sujets abordés et de revenir sur les moments forts de ces JEA 2023.

 

1. Royaume-Uni et Irlande

2. Frêt Maritime

3. L'image des produits français à l'international

4. Pays-Bas

5. Péninsule ibérique

6. Belgique

7. Côte d'Ivoire

8. Canada

9. Procédures d'agrément en matière sanitaire et phytosanitaire

 

 

ROYAUME-UNI ET IRLANDE

Comme chaque année, le décryptage du marché britannique était fortement attendu, avec un pic d’audience constaté sur la séquence. Entre Brexit interminable, record d’inflation et instabilité gouvernementale, les inquiétudes étaient nombreuses et il semblait donc important de rassurer les entreprises : oui, le Royaume-Uni est toujours un réservoir d’opportunités pour les produits français, surtout les plus innovants, et l’exemple des biscuits Saint Michel, capables de multiplier par trois leur chiffre d’affaires en cinq ans, a particulièrement impressionné les auditeurs.

La nouveauté cette année était l’éclairage apporté sur l’Irlande, en lien avec une étude récente de Business France : touché de plein fouet par le Brexit, le pays insulaire est en quête d’indépendance économique vis-à-vis de son voisin britannique et recherche de nouveaux partenaires commerciaux… une aubaine pour la France qui y développe les échanges maritimes (de 4 à 44 canaux en deux ans !) et scrute de plus en plus la croissance de ce marché…

Téléchargez gratuitement les études Irlande et Royaume-Uni

 

FRET MARITIME

Après trois années particulièrement rudes pour les exportateurs agro en matière de logistique maritime (explosion des coûts et des délais), il était devenu nécessaire de dresser un panorama du secteur, de son fonctionnement et de ses perspectives pour mieux accompagner la réflexion des entreprises – à l’heure où la réouverture des marchés asiatiques crée un appel d’air. Un webinaire technique, donc, appuyé sur une étude FranceAgriMer, et qui permettait d’approcher les problématiques de multimodalité, de taille de navire (et, par ricochet, de choix de port et de tarification) ou encore de transport de frais (reefer) dans un contexte énergétique inflationniste. Que ce soit en vrac ou en conteneur, l’agroalimentaire occupe en effet une place de choix dans le fret maritime et les perspectives d’augmentation des coûts en lien avec la transition environnementale du fret devraient donc fortement impacter l’export agro. Quelle compétitivité trouver sur le transport maritime de frais dans les années qui viennent ?

 

L’IMAGE DES PRODUITS FRANÇAIS À L’INTERNATIONAL

Autre webinaire très suivi, l’étude de la perception des produits français par les pays étrangers était un moment attendu des JEA. Le webinaire déroulait ainsi les résultats d’une enquête de Sopexa effectuée dans neuf pays pour tenter de qualifier l’offre française : « raffinement », « authenticité », « prix » ou encore « respect de l’environnement » étaient ainsi des critères testés pour tenter d’établir une différenciation avec des pays concurrents (Italie et Espagne essentiellement). Sans surprise, c’est sur la qualité gustative et le raffinement que la France s’impose mais des recommandations étaient formulées pour intégrer davantage les produits dans les recettes locales et pour justifier le prix plus élevé de certains mets. En écho à ces constats, un éclairage sur le marché japonais apportait une illustration de la difficulté de se positionner parfois dans un contexte inflationniste (phénomène nouveau au Japon) et de l’importance de bien marketer son produit.

Téléchargez gratuitement l'étude Sopexa Image des produits français

 

PAYS-BAS

Pour la première fois dans l’histoire des JEA, un webinaire était consacré aux Pays-Bas, pays longtemps considéré comme risqué en raison de la pression sur les prix, mais qui endosse aujourd’hui un double rôle de client et concurrent de la France. La raison ? Une explosion des échanges constatée dans les dix dernières années (+40% d’exportations depuis la France), en lien notamment avec le phénomène de réexportation, emblématique des Pays-Bas. Une ouverture vers l’international (via les hubs de Rotterdam et Schiphol) qui ne doit pas masquer l’importance du marché intérieur, désormais plus ouvert aux produits premium dès lors que ceux-ci justifient d’une innovation ou d’une allégation durable. L’innovation se recherche également dans les filières amont où la conversion des systèmes agricoles à des processus plus « verts » requiert un savoir-faire sur lequel l’Agtech française devrait pouvoir se positionner à plus ou moins brève échéance…

 

PÉNINSULE IBÉRIQUE

L’intitulé « Péninsule ibérique » de ce webinaire invitait les participants à s’intéresser à la fois au marché espagnol, porteur d’opportunités sur de nombreuses filières (produits de la mer, BVP, fruits et légumes), et à son voisin portugais, nouvelle destination prisée des exportateurs agro français pour son marché intérieur en pleine croissance. Si la géographie rapproche ces deux marchés, dans le cadre de stratégies logistiques notamment, les approches semblent différentes en raison de la nature des circuits de distribution (GMS concentrée au Portugal, marchés de gros en Espagne) et de la primauté plus ou moins marquée des cuisines nationales, voire régionales. Si le Portugal semble ouvert aux produits français, l’Espagne réclame souvent davantage d’adaptation de produits, comme en a témoigné un représentant du traiteur Pierre Martinet, implanté sur les deux marchés.

Téléchargez gratuitement les études Portugal et Espagne

 

BELGIQUE

Si le marché belge avait fait l’objet d’une première exploration lors des JEA 2021, la parution récente d’une étude de FranceAgriMer était l’occasion de se replonger dans les caractéristiques de ce marché voisin, deuxième client de la France, qui souffre souvent de préjugés inexacts. Parmi ceux-ci : la perception qu’il s’agit d’un doublon de la France ; ou encore qu’il est possible d’aborder les « trois Belgique » de façon unifiée (Flandres, Wallonie, Bruxelles), ou enfin qu’il s’agit d’un marché ouvert aux produits français quel que soit le prix. Bien au contraire, la Belgique présente des challenges tarifaires importants dans la grande distribution, l’apparentant au marché néerlandais sur de nombreuses tendances, tout comme sur le phénomène de réexportation qui s’amplifie depuis la fusion des ports d’Anvers et de Zeebrugge en 2022. Un webinaire très didactique donc, faisant intervenir de nombreux experts sur le terrain (un importateur en produits de bouche, un représentant du port d’Anvers, deux représentants de la CCI France Belgique et une experte de Sopexa).

Téléchargez gratuitement l'étude Sopexa Belgique

 

CÔTE D’IVOIRE

Nouveau venu parmi les webinaires des JEA, celui consacré à la Côte d’Ivoire était l’occasion d’approfondir les connaissances sur ce géant exportateur africain dont le secteur agri-agro est l’un des plus dynamiques de la zone (15% du PIB). Un dynamisme qui appelle justement des savoir-faire sur les industries de première ou deuxième transformation, comme le demande le gouvernement pro-business du pays. Même si la France est bien positionnée pour y répondre, la concurrence reste vive, en raison de la croissance fulgurante du pays (le PIB a doublé en dix ans) qui attise les convoitises de nombreux pays occidentaux. Un webinaire appuyé sur une étude de FranceAgriMer qui permet par ailleurs de mieux comprendre l’identité agroalimentaire du pays, entre culture culinaire, circuits de distribution et environnement business.

Accédez à l'étude FranceAgriMer Côte d'Ivoire

 

CANADA

Habituellement, les JEA avaient tendance à explorer le continent nord-américain sous l’angle des Etats-Unis ; cette année, le choix s’était porté sur le Canada en lien avec une étude de Business France parue sur ce pays très ouvert aux produits européens et à la culture culinaire française… Mais ne pas s’y tromper : le Canada n’est pas le Québec, et le Québec n’est pas la France ; qu’il s’agisse de Toronto ou de Montréal, les exportateurs devront renforcer leurs approches marketing, adopter des stratégies budgétaires pragmatiques et favoriser l’innovation pour coller aux souhaits d’une population marquée par les allégations santé et bien-être. Une plongée dans ces bassins de consommation à fortes opportunités, sur les produits gourmets notamment, mais qui voient de plus en plus se développer une production locale susceptible de concurrencer le made in France

Téléchargez gratuitement l'étude Canada

 

PROCÉDURES D’AGRÉMENT EN MATIÈRE SANITAIRE ET PHYTOSANITAIRE

Le dernier webinaire de ces JEA revenait sur une problématique cruciale pour les exportateurs : l’obtention d’un agrément à l’exportation dans les différentes zones du monde, et notamment les pays tiers d’Afrique et d’Asie où les procédures ont tendance à se complexifier. Des experts de FranceAgriMer venaient apporter leurs conseils, qu’il s’agisse de filières animales ou végétales, et des représentants exportateurs livraient leurs témoignages pays par pays : l’interprofession des fruits et légumes et la coopérative Blue Whale pour les produits végétaux, l’interprofession du porc (Inaporc) et le groupe Labeyrie pour les produits animaux. Un webinaire technique très complet qui permettait donc de conseiller concrètement les 160 participants sur les normes de qualité attendues et les process à entreprendre par pays sur les systèmes d’information dédiés (Expadon 2).

 

 

Au global, ces JEA 2023 auront donc marqué par le pragmatisme et la précision des informations livrées aux participants, une qualité qui explique la fidélité de l’audience de webinaire en webinaire. « Les JEA ont trouvé leur format, confirme Margot Le Guernigou. On voit bien que les participants qui se connectent en début de session restent tout au long d’un webinaire et reviennent le lendemain : c’est donc que les conférences donnent à réfléchir et à affiner des stratégies export. Pour nous qui cherchons en permanence à accompagner les entreprises agro dans leur aventure à l’international, c’est donc mission accomplie ! »