L’épidémie de Covid-19 a impacté la filière laitière française au cœur de la haute saison de collecte. Celle-ci enregistrait une dynamique de croissance de 1% au premier trimestre 2020 par rapport à 2019 (+1,7% pour l’UE), dû notamment à la qualité des fourrages, un pic saisonnier précoce et à un prix du lait intéressant.  

Cette dynamique de production s’est toutefois ralentie depuis mi- avril (-0,7% sur le mois d’avril par rapport à 2019) à cause de conditions climatiques plus sèches, d’une baisse nationale du cheptel bovin et de la diminution délibérée de la collecte dans certains bassins de production pour tendre vers un réajustement offre/demande en temps de crise.

 S’agissant de la cotation des produits laitiers en France, les cours de poudre de lait écrémé ont reculé de près de 29% en deux mois pour tomber à 1870€/t mi-avril.  Les cours du beurre sont descendus jusqu’à 2600€/t courant avril soit une baisse de près de 740€ par rapport à début mars. Les cours se sont toutefois stabilisés à partir du mois d’avril et ont même connu un léger rebond depuis, en partie induit par les effets de l’annonce par la Commission européenne de l’activation de l’aide au stockage privé.

Les mesures d’incitation à la modération de la production annoncées en avril par le CNIEL, compensée par la mise en place d’un fonds de 15M€ par l’interprofession, ont également joué un rôle sur le maintien des cours. A noter que ce type de mesures reste toutefois assez limitée en dehors des frontières françaises. 

Malgré tout, le maintien des cours reste incertain du fait d’une production mondiale encore dynamique jumelée à une demande perturbée et à des niveaux de stocks de produits laitiers en hausse au niveau mondial (notamment pour les fromages en Europe ou le beurre aux USA).

 Selon l’OMC, les échanges mondiaux de marchandises seront en recul de 13% à 32% pour l’année 2020. Des estimations à nuancer toutefois en ce qui concerne les produits alimentaires puisque considérés comme des produits de première nécessité. La chute du cours du Brent aura également un impact sur les économies pétrolières fortement importatrices de produits alimentaires.

 Au niveau de l’export de produits laitiers, la France enregistre pour le 1er trimestre 2020 des exportations en hausse par rapport à la période de 2019 : +4,40% en valeur (de 1,83Md€ à 1,91Md€) et +4,41% en volume (de 803KT à 838KT). 

 La Chine, dont la province de Wuhan est entrée en confinement le 23 janvier, enregistrait quant à elle sur le 1er trimestre 2020 un recul des importations françaises de produits laitiers de -9,19% en valeur et -13,37% en volume, avec notamment -21,78% en valeur pour le seul mois de mars par rapport à 2019.

A partir du mois d’avril, on constate une inversion de tendance pour l’export suite à l’entrée en confinement d’une majeure partie des pays européens et de pays tiers comme les USA.

Ainsi, les exportations françaises en valeur ont chuté en avril de -3,32% par rapport à 2019, notamment du fait d’une diminution de l’export de fromages (-16% en valeur par rapport à 2019). Au niveau des volumes la baisse enregistrée s’élève à -0,34%.

 La reprise progressive des activités sera entre autres conditionnée à la réouverture sans restriction de la RHD ainsi qu’à une relance de la demande mondiale à moyen/long terme. La crise sanitaire revête désormais un enjeu social avec une probable baisse du pouvoir d’achat à l’échelle mondiale (aides au chômage partiel, licenciements, faillites d’entreprises, etc.).

 Nb : Dans le but de faire un point sur les marchés à l’épreuve du Covid-19, la Team France export a donné accès à plus de 170 webinaires sectoriels et géographiques gratuits pendant la période de confinement. Vous pouvez notamment retrouver en replay celui dédié à la filière laitière : « Les produits laitiers face à la crise : difficultés et opportunités ».  

 
 Sources : ATLA / CNIEL / FranceAgrimer / OMC / FAO