Depuis les années 1980, la sécurité alimentaire et la sécurisation des approvisionnements sont des préoccupations majeures aux EAU, pays encore très majoritairement dépendant des importations. La crise politique de 2017 entre le Qatar et d’autres pays du Golfe (Emirats Arabes Unis et Arabie Saoudite notamment) mettant fin à toute relation commerciale entre lesdits pays a renforcé la volonté de limiter la dépendance vis-à-vis des réexportations provenant des pays voisins.

En parallèle à cette problématique de sécurité alimentaire, l’Etat émirien, et plus particulièrement l’Emirat de Dubaï, souhaite assurer une diversification économique en prévision de l’après-pétrole. Il affiche la volonté de développement du tourisme, de l’immobilier et du tissu industriel, facilité par les infrastructures logistiques en place (ports, aéroports, routes). 

Enfin, dans un souci d’offrir des produits au meilleur prix, le pays souhaite développer l’industrie agroalimentaire en important davantage de matières premières et moins de produits finis.

Par conséquent, en novembre 2018, une nouvelle loi permettant d’ouvrir des entités à capitaux 100 % étrangers en « onshore », a été annoncée alors qu’un partenaire local détenant 51 % du capital de la société étrangère était jusqu’alors obligatoire. Cette loi est ouverte à plusieurs secteurs, notamment à celui de l’industrie, visant ainsi à favoriser le développement industriel avec des capitaux étrangers. L’entité émirienne de Mars a ainsi annoncé en août 2019 qu’elle rachetait les parts détenues précédemment par son partenaire local, devenant ainsi l’une des premières entreprises du secteur à appliquer la loi de 2018. Dans le cadre de la Stratégie nationale de sécurité alimentaire 2051 adoptée en 2018, l’un des piliers vise l’augmentation de la production locale de 30 % en ayant recours à des méthodes de production utilisant les technologies modernes ainsi que l’accroissement de la production locale de produits alimentaires essentiels de 15 % d’ici 2021. Ces objectifs seront atteints grâce à une coopération étroite entre les acteurs privés, publics et le ministère de la Sécurité alimentaire, les partenariats stratégiques résultant de nouveaux investissements dans le secteur de l’IAA et l’augmentation du nombre de nouveaux projets dans le pays, selon Mariam Al Muhairi, ministre d’Etat à la Sécurité alimentaire.

Les autorités publiques portent de nombreux projets d’infrastructures visant à faciliter l’installation de nouvelles usines dans le secteur agroalimentaire, avec une mise en œuvre plus ou moins rapide :

  • Le projet de Dubai Food Park, annoncé en 2017 par Dubai Holding (projet d’1,5 Md USD) dont l’achèvement était initialement prévu en 2020, devait être la plus grande zone franche de la région dédiée à l’agroalimentaire (2 500 entreprises dont 30 usines, 23 000 salariés). Le projet ne s’est pas concrétisé pour le moment (décembre 2020).
  • Dubai South, situé en proximité du site de l’Exposition universelle, du port de Dubaï (DP World) et du nouvel aéroport Al Maktoum, existe depuis plusieurs années et ambitionne de devenir la plus grande zone logistique et d’entreposage du pays.
  • L’Emirat d’Abou Dhabi, avec la zone franche de Khalifa Industrial Zone Abu Dhabi (KIZAD), en phase d’extension (superficie de 100 km2) et de commercialisation, offre des conditions attractives à l’installation de toute nouvelle entité, notamment dans le secteur agroalimentaire (un cluster industriel dédié à l’IAA qui accueille notamment la plus grande usine du brésilien BRF au Moyen-Orient).

L’Etat propose également des mesures incitatives à l’implantation des industries : dans le cadre de « Dubai Plan 2021 », le volet « Dubai Industrial Strategy 2030 » est entièrement consacré au développement de six secteurs industriels, dont l’industrie agroalimentaire. Cette stratégie pose comme principaux objectifs d’accroitre la présence de grandes industries à Dubaï, d’augmenter l’export de produits manufacturés, de soutenir une production plus favorable à l’environnement, de devenir une plateforme mondiale de connaissance et d’innovation mais aussi d’accroitre une production halal manufacturée de qualité à Dubaï. Cette dernière initiative s’illustre par l’organisation d’Halal Expo qui se tient chaque année, par la présence d’un centre international de test et d’accréditation halal et par l’allocation de plus de 622 000 m² de terrain dans la ville industrielle pour le développement d’un « cluster Halal » pour les entreprises de fabrication et de logistique de nourriture halal.

OPPORTUNIES : FOCUS SUR LE HALAL

Les Emirats Arabes Unis, et plus particulièrement Dubaï, souhaitent devenir le 1er hub de produits halal au monde. Avec plus d’1,6 Md de Musulmans consommant des produits alimentaires halal à travers le monde, c’est un marché en pleine expansion que les EAU souhaitent approvisionner. Selon l’Organisation de coopération islamique, le marché alimentaire et de boissons halal devrait atteindre 2,5 trillions USD en 2020.

Les importations de produits halal dans les pays membres du CCEAG étaient estimées en 2019 à 50 Mds USD

A Dubai Industrial City, un pôle de 560 000 m2 est entièrement dédié aux industries de produits halal et aux entreprises assurant la logistique de ces produits.